C’est un grandiose événement qui a été organisé par le collectif des femmes d’Iwakouren «Agraw Ilelli Iwakouren» auquel toutes les femmes du Aârch ont participé en s’impliquant pour la réussite de la célébration du Printemps berbère, et que les nombreuses salles de cette localité n’auraient pu contenir, d’où la décision de l’organiser en plein air.
Aussi, c’est l’une des artères principales du quartier sud de Raffour qui a été retenue pour servir de site de déroulement des activités. Une rue d’environ 300m de longueur sur 10 de largeur, qui a été transformée en véritable lieu d’exposition de tout ce qui est traditionnel et berbère. Bien mieux, la plupart de ces expositions sont accompagnées par des démonstrations, telle que celle de la poterie où des femmes s’attèlent à façonner leurs œuvres avec l’argile, à coté d’un autre groupe occupé à monter un métier à tisser où un tapis berbère commençait déjà à prendre forme sous les doigts agiles des femmes. Dans un autre stand, c’est un alignement de plats traditionnels où figurent même ceux disparus de nos tables depuis longtemps à l’exemple d’Aghroum Ounziz, amekfoul N’Djehvoudh…etc. La robe et le tapis kabyle se taillent la part du lion de l’exposition et forment un décor féerique, complété par les centaines de femmes présentes, elles même parées de tenues et bijoux traditionnels multicolores. Le folklore aussi était de la partie, avec un « Urar l’khlalath » autour duquel s’agglutinaient des centaines de convives, à proximité c’est l’Ahiha, l’un des plus anciens chant kabyle, ponctué de Thivogharine dénommé Asvoughar dans cette partie de la Kabylie. Le tout chanté par une chorale locale. Le bijou traditionnel en argent s’est aussi réservé une place où sont exposés certains bijoux disparus depuis longtemps comme Ardhif (akhelkhal) qui ornait jadis les chevilles des femmes kabyles. Pour rester dans le traditionnel et pour agrémenter cette extraordinaire activité unique en son genre, le collectif des organisatrices, qui use d’un admirable esprit d’initiative, a fait appel à un groupe d’Idheballen qui puise dans le plus ancien répertoire de la musique traditionnelle berbère à laquelle aucune des participantes n’est restée insensible. De ce fait, la danse kabyle, non moins ancienne, s’est invitée, achevant de donner à la cérémonie un décor festif. Quand à la poésie, elle s’est aussi imposée avec la poétesse Thasekourth N’Djerdjer, qui est aussi l’une des principales animatrices de l’événement, épaulées par Anissa Kechadi, l’ex miss Kabylie, et les membres du collectif Agraw Ilelli Iwakouren qui se sont surpassées, et cela on ne comptant que sur leurs propres moyens et de leur propre initiative. La cérémonie a été clôturée, dans l’après-midi, par une conférence autour de la cause Amazighe animée par la romancière Hassiba Abbassene de Tizi Ouzou, Louiza Aït Hammou, militante de la cause Amazighe, qui s’est déplacée spécialement de France pour répondre à l’invitation. Notons, pour conclure, que par cette grandiose manifestation, les femmes de Raffour ou Thiwakourine, viennent d’insuffler une toute nouvelle dynamique à la cause Amazighe dans la région. Une première, typiquement féminine, sans coloration politique, sinon celle de Tamazight à inscrire d’une pierre blanche dans les annales de l’Aârch Iwakouren, qui s’est, depuis toujours, inscrit dans la longue lutte pour la reconnaissance et l’émancipation de Tamazight.
Oulaid Soualah

