Et on aura tout entendu, “des agents du DRS” au “candidats du pouvoir” en passant par “listes des aârouchs” les indépendants ont eu droit aux plus malveillants des qualificatifs pour ne pas dire à toutes sortes d’insultes, eux qui ont osé s’inviter dans la cour de ces messies de la politique en Kabylie qui, sans scrupules, ont décidé que la chose politique, les affaires de la cité et son devenir, ne peuvent être que la mission exclusive de ces irremplaçables politicards aux ambitions démesurées et de surcroît sans talent ni envergure, et dont un bon nombre, tout en restant mauvais élèves, n’ont découvert les vertus de la citoyenneté que grâce à tous ces jeunes martyrs qui se sont fait canarder un certain 5 octobre 1988.S’il y a bien une chose qui irrite, révolte et surtout donne la peur au ventre aux partis politiques en lice dans l’élection partielle de Kabylie, le 24 novembre prochain, c’est bien la présence en force des listes de candidats indépendants. Et du coup, c’est la panique à bord, surtout chez les traditionnels “ténors” de la région, qui n’hésitent pas à tenir un discours tantôt accusateur et tantôt haineux à l’égard de ces troubles-fête que sont les indépendants.En effet, ces loups-garous de la politique qui s’en prennent à ces effrontés de candidats indépendants venus bousculer un ordre absolument établi, ne devraient-il pas être plutôt satisfaits, eux, qui se prévalent d’être les dépositaires de la démocratie dans ce pays, que la citoyenneté, longtemps étouffée par des actes politiquement absurdes et une gestion hautement médiocre, reprenne son droit de cité ? Et ne pensent-ils pas que la “réhabilitation de l’acte politique”, en vogue depuis ce début de campagne électorale commence déjà par le respect de la citoyenneté et le droit constitutionnel de ces citoyens à se présenter à une élection ? En outre, ce qui scandalise le plus ces partis politiques, c’est “l’outrage” commis par ces sous-citoyens qui, à peine hier, ne constituaient qu’une banque de voix ou une simple association que l’on sollicite pour cautionner, par un vote, une équipe dont personne ne doute de l’incompétence et dont tout le monde s’étonne du choix. Un choix qui obéit plus aux attentes personnelles de certains dirigeants politiques nationaux qu’aux attentes des populations de plus en plus méprisées. N’avons-nous pas souvent entendu, de la part de simples militants, que le choix de tel ou tel candidat médiocre a été fait parce que ce dernier une fois élu attribuera telle structure à tel dirigeant national pour en faire une clinique privée, ou bien tel élu donnera un terrain à tel responsable politique pour construire son cabanon ou encore tel candidat a été choisi parce qu’il cède son cabanon durant deux mois d’été à un responsable politique ou encore tel élu s’est permis d’annuler une décision de logement d’un citoyen pour l’attribuer à un autre élu, ou… et ou… ?C’est cela qui a fait que l’alternative, aujourd’hui, peut venir du simple citoyen, de l’indépendant. Et notre confrère, dans son éditorial, n’avait-il pas raison de dire dans ces mêmes colonnes que “(…) les listes d’indépendants, en qualité et en nombre, révèlent une tendance à l’alternative citoyenne qui à son tour décline une Kabylie qui se prend en charge et qui bouge (…)”.En tout cas, le citoyen saura reconnaître les siens quant au politique, saura-t-il reconnaître ses échecs ?
Yacine Boudaraâ