à Bouira aussi, les sympathisants du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie ont organisé hier, à l’occasion des célébrations du printemps Berbère, une marche pour exprimer leurs revendications. Ils étaient plusieurs dizaines à battre le pavé brandissant des banderoles où on pouvait lire, notamment, « Pour l’autonomie de la Kabylie », « L’Algérie n’est pas arabe ». Le cortège des marcheurs s’est ébranlé à partir de l’université Akli Mohand Oulhadj vers le siège de la wilaya. La marche a rassemblé près de 300 manifestants. Arrivée devant la wilaya, la foule a entonné des chants avant d’observer une minute de silence à la mémoire des martyrs des événements du printemps noir de 2001. Par la suite, le coordinateur de ce mouvement, M. Bachouche Salim, prendra la parole pour expliquer la démarche du MAK. « Mes amis, notre mouvement va dans le sens de l’histoire. Il est temps que la Kabylie retrouve sa véritable identité et son pouvoir décisionnel », a-t-il lancé avant d’ajouter : « Notre mouvement répond à une volonté populaire et exprime la frustration de tout un peuple, qui a été pendant longtemps brimé et marginalisé par le pouvoir ». Après cette halte au niveau du siège de la wilaya, les marcheurs se sont dirigés, par la suite, vers le pont Sayeh, où ils s’en sont pris à la statue de l’Emir Abdelkader. Cette dernière a essuyé des jets de pierres qui n’ont pas manqué de semer la panique parmi les passants et les automobilistes, ce qui a amené les forces anti-émeute à intervenir pour repousser les manifestants. S’ensuivra des escarmouches entre manifestants et forces de l’ordre.
Ces derniers, déployés en grand nombre aux alentours du lieu de la manifestation, ont procédé à quelques interpellations. Selon, M. Bachouche Salim : « Pour l’instant, nous n’avons pas les noms des jeunes interpellés. Suite à ces arrestations, nous venons de mettre sur pied une cellule de crise pour, d’abord, évaluer notre action et recenser le nombre d’interpelés et, éventuellement, de blessés ». Notre interlocuteur n’écarte pas la possibilité d’organiser « une marche du peuple Kabyle à Bouira ». Notons, enfin, et toujours selon M. Bachouche, qu’un manifestant a été poignardé par des inconnus avant le début de la manifestation.
Un peu plutôt dans la matinée, quelques dizaines de sympathisants et militants du RCD ont eux aussi organisé une marche pour appeler à « l’officialisation de Tamazight». Tout au long de l’itinéraire qui a conduit les manifestants de la place des martyrs de la ville de Bouira, point du départ de la marche jusqu’au siège de la wilaya, des slogans, tels que « Imazighen » ou encore « assa azekka, Tamazight tella tella », ont été scandés. Arrivés au niveau du siège de la wilaya, des prises de parole rappelant, entre autres, le parcours et le combat de générations de militants pour la reconnaissance de l’identité amazighe ont été improvisées. Les manifestants se sont par la suite dispersés dans le calme.
Ramdane B. et D. M.