Lahguiya dans la tourmente

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Les villageois de Lahguiya, relevant de la commune de Djebahia, à une quarantaine de kilomètres à l’ouest du chef-lieu de la wilaya de Bouira, n’en peuvent plus de l’état de dégradation avancé qui caractérise leur cadre de vie.

Ce hameau de près de 3 560 âmes est pour ainsi dire laissé à l’abandon depuis plusieurs années, ce qui a fait naître au sein de la population un profond sentiment d’injustice et d’exaspération. En effet, les commodités les plus basiques leur font défaut. Ils réclament un raccordement à l’eau potable et au réseau de gaz naturel, et demandent que leurs routes soient aménagées. « Depuis l’indépendance, notre village n’a bénéficié d’aucun plan d’aménagement. Nous sommes loin de tout et nous manquons de tout », résument certains villageois. Concernant l’épineux problème du raccordement au réseau AEP, bon nombre de villageois ont souligné le fait que plusieurs demandes ont été faites auprès des services concernés, mais en vain : « Nous sommes encore et toujours réduits à nous approvisionner en eau à partir d’une source située à une dizaine de kilomètres en contrebas », dira un habitant de ladite localité.  Un autre, soutiendra que lui et ses enfants continuent à s’approvisionner en eau à dos d’âne, traversant des chemins escarpés et infestés de sangliers. Tahar, retraité des chemins de fer, assure que les autorités de la wilaya, se sont pourtant engagées à accélérer les travaux de raccordement à l’eau, via le barrage de Koudiat Asserdoune, sis dans la commune voisine de Maâla. « En 2010, on nous promis que notre localité allait être raccordée aux eaux du barrage. Trois ans plus tard, nous sommes toujours obligés de parcourir des kilomètres, jerricanes à bout de bras. C’est une honte !», peste-t-il.  Quant au gaz naturel, ces villageois se disent désespérés de le voir arriver dans leurs foyers : « si au moins les bonbonnes de gaz butane étaient disponibles ! Nous sommes encore, en 2013, obligés de recourir au bois pour nos besoins en cuisine et en chauffage », s’indigne Issam, père de quatre enfants, dont deux en bas âge. Et d’ajouter d’une voix émue : « Cet hiver, comme tous les autres par ailleurs, nous avons vécu un véritable enfer ! Nous étions sans défense devant le froid et la neige. Une misère indescriptible! ». Interrogé sur d’éventuelles initiatives de l’APC pour régler ne serait-ce que la pénurie du butane, notre interlocuteur dira :  « Notre maire est fraîchement élu, il a fait de son mieux pour nous assurer un approvisionnement décent, mais il a été très vite dépassé par les événements. Les rares bonbonnes qui nous sont parvenues se sont arrachées à prix d’or. Nous nous sommes donc résignés à nous chauffer avec du bois que nous ramassions dans la forêt ». Ces témoignages traduisent le désarroi et la peine des villageois de Lahguiya. Ils ne savent plus à quel saint se vouer pour mettre fin à ce calvaire qui n’a que trop duré. Pour rappel, au mois de mars dernier, des villageois ont tenu un sit-in devant le siège de la wilaya, afin d’exprimer leur colère et réclamer un semblant d’aménagement pour leur hameau. « Nous voulons une route digne de ce nom et non une piste qui devient impraticable à la moindre goûte de pluie », avait crié un porte-parole de ce mouvement de protestation. La route, seul accès au village n’est en effet qu’une piste qui s’allonge sur plus de 10 kilomètres. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle est dans un triste état. Des crevasses et des nids de poules y sont légions. D’ailleurs, bon nombre d’accidents sont survenus au niveau de cette route particulièrement sinueuse. Selon l’imam de cette localité les villageois, notamment les jeunes, font preuve de beaucoup de sagesse et de bon sens pour ne pas sombrer dans la dépression et le vice : « A notre niveau, nous faisons un travail de sensibilisation et essayons de canaliser la fureur qui couve parmi la population. La misère est le vivier de toutes les dérives », nous dira-t-il avant de lancer un appel  aux autorités locales : « Vous savez, la population ne demande ni plus ni moins que de vivre dans la dignité. Les pouvoirs publics, doivent prêter une oreille attentive aux doléances des villageois. Réhabiliter une route, effectuer un branchement d’eau et de gaz, ce n’est vraiment pas trop demander ».

Ramdane. B.

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