«C’est un véritable pilier du théâtre kabyle»

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Rencontré en marge de l’hommage, Mohamed Hilmi, nous a accordé un entretien, où il nous parle du défunt artiste .

La Dépêche de Kabylie : pouvez-vous nous parler un peu sur cheikh Nourdine ?  

Mohamed Hilmi : Cheikh Nourddine était avant tout un ami et un frère. Il fut l’un des fondateurs de la chaîne kabyle en 1948. Il n’était pas facile de devenir artiste, à une époque où les gens voyaient d’un très mauvais œil ce choix, surtout en Kabylie. Il a chanté le bonheur du peuple hypothéqué par la présence coloniale, ainsi que la tristesse et la souffrance que cela engendrait. Il a chanté l’exil et l’angoisse qui accablait les familles de ceux qui étaient obligés de traverser la mer pour gagner leur vie…Il a d’ailleurs fait un duo avec la chanteuse Aldjia, pour interpréter des chansons qui traitent de l’émigration qui sépare les êtres. Des histoires d’homme et de femmes qui ne se voient pas durant de très longues années.

Que représentait-il, artistiquement, pour vous ?

Il fut un talentueux créateur et un merveilleux interprète qui jouait de plusieurs instruments. L’humour faisait partie de son art. Il puisait ses sujets dans le vécu quotidien, les défauts de ses contemporains et les problèmes sociaux de son époque. J’ai eu le privilège de jouer avec lui, le temps d’un un duo comique, un sketch mettant en scène une belle-mère et son gendre. Il était un excellent comédien, un véritable pilier du théâtre kabyle. Il s’est même spécialisé dans les rôles de vieilles femmes, des personnages qu’il interprétait avec brio dans toutes les pièces, depuis la création de la chaîne kabyle  en 1948. 

Comment l’aviez-vous connu ?

J’ai fait sa connaissance en 1949, comme partenaire dans une pièce mélodramatique dont j’étais l’auteur. Elle s’intitulait Agoujil. Il incarnait le rôle de la mère, et moi celui du père. Il y avait avec nous également Abderahmane Isker qui jouait le rôle du fils. Il y avait un tel manque en interprètes féminins que nous fûmes obligés de confier les rôles secondaires aux vieilles et jeunes chanteuses qui participaient aux émissions musicales sous la direction de cheikh Nourdine. Je tiens à citer les noms de Lla Yamina, Lla Zina, Lla El Djida, Hnifa et Djamila.      

Propos recueillis par K.T. 

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