Le gisement de zinc-plomb d’Amizour, dans la wilaya de Béjaïa, offert en concession à la société Terramin Australia Limited, continue de susciter moult interrogations même au plus haut sommet de l’Etat.
Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a, au cours de sa dernière visite dans la région, interpellé le ministre de l’Energie et des Mines sur les dessous d’un sous-sol riche en minerais resté des années durant, inexploité. L’administration minière, qui a gardé jusque-là un silence de carpe, pourrait, à la faveur d’une « mise en demeure », s’en passer de la joint-venture Western Mediterranean Zinc, détenue à 65% par Terramin Australia Limited, pour l’exploitation dudit gisement, dont les réserves dépassent les 69 millions de tonnes de concentrés de zinc et, à des proportions moindres, de plomb. « Qu’attendent ces australiens ? Ils ne détiennent tout de même pas le ciel. Il faut trouver des solutions à ce problème», a enjoint Sellal à son ministre de l’Energie. Une déclaration, qui sonne comme un coup de semonce, adressée à la société australienne Terramin. En novembre 2010, l’ex-P/APW de Béjaïa a clairement expliqué à Chakib Khalil, alors ministre de l’Energie, que cette entreprise microscopique, (…) sans aucune expérience minière, serait incapable de lever les fonds nécessaires au développement du projet. Le temps a fini par lui donner raison. L’opérateur australien a, à la même époque, sollicité un bureau d’études français pour lui faire l’étude de préfaisabilité mais ce dernier aurait à la dernière minute fait marche arrière. Il serait découragé par l’étendue du gisement qui couvre 154 km2, un territoire relevant de plusieurs communes, la densité de la population et le risque de pollution des nappes phréatiques qui alimentent des centaines de milliers de personnes. Depuis l’ouverture du secteur minier, en Algérie, à l’investissement privé les concessions concernaient des gisements de petite ou moyenne taille. Au début des années 2000, une nouvelle loi a été adoptée à l’APN, déterminant de manière précise la catégorie des minerais stratégiques et la taille des gisements pouvant être offerts en concessions aux opérateurs du secteur privé notamment étrangers. Pour les gisements recelant d’importantes réserves, la loi permet seulement le partenariat entre une société publique algérienne et un promoteur étranger et/ou un promoteur privé. Dans le cas du gisement d’Amizour, il s’agit tout simplement d’un partenariat à « 65% défavorable à notre pays » d’où la nécessité de revoir tout le dossier.
Dalil S.