Ali Amran présente son nouvel album

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Ali Amran a animé une conférence de presse, samedi dernier à Tizi-Ouzou, à la maison de la culture Mouloud Mammeri, pour présenter son dernier album qu’il a intitulé Tizi N Leryah.

Son enregistrement a commencé en 2010 en France avec Kris Berket puis il fut mixé à Toronto, au Canada. Il regroupe dix chansons toutes originales.  Le clip de la première chanson de l’album ‘’Ysrouhou L’Hir’’ a été réalisé par Hacène Amalou en Algérie. Ce nouvel opus est le quatrième, après « Amsebrid » en 2001, « Xali Sliman » en 2005 et « Akka id Amur » en 2009.  Ali Amran, de son vrai nom ALI Koulougli, puise son inspiration dans la Kabylie profonde, mais le souffle nouveau qu’il a introduit dans le paysage musicale kabyle fait toute son originalité. Qu’il ait pris le prénom Amran qui est celui de son aïeul prouve à quel point le chanteur est profondément attaché à ses racines, tout en incarnant un univers musical très moderne. Originaire de Iguariden, dans la localité de Maâtkas, il est à la fois auteur-compositeur et interprète. Dans la conférence de presse de samedi, l’artiste a tout d’abord expliqué le choix du titre de l’album. Il dira : « ‘’Tizi’’ est un endroit en hauteur, situé entre deux versants, il permet de voir la distance qui a été parcourue. En poésie, ça pourrait traduire à la fois un retour sur le passé et une attente du futur. Quant à ‘’Leryah’’, il signifie tout simplement les vents, mais moi j’ai voulu lui faire exprimer un état de possession par des esprits maléfiques qui vous guide et vous aide à avoir l’inspiration et un regard plus clairvoyant sur la société et l’époque ». A la question de savoir pourquoi cette trace de demi pas sur la jacket de l’album, il répondra : « la symbolique de ces traces de pas et très profonde. Je voulais dire que nous avions évolué en boitant et en titubant, dans notre quête de la démocratie ». Il est à noter que le look du rocker kabyle a quelque peu changé. Il s’est laissé pousser la barbe. Il expliquera que c’était pour les besoins d’un film de Belkacem Hedjadj sur « Lalla Fadma N Soummer » dans  lequel il incarne un poète. Il confiera par ailleurs que le fait d’écrire et de jouer à la fois lui procurait une joie immense mais que cela l’épuisait et lui prenait tout son temp. Il soulignera que son expérience cinématographique avait commencé entre 1993 et 1994. Concernant le côté rock de ses chansons, il dira : « c’est un côté naturel qui fait partie de moi. J’ai longtemps écouté ce style de musique notamment dans le milieu universitaire, Pink-floyd, Dire Streets, The Scorpions, The Eagles, The Beatles…et autres chanteurs et groupes de rocks, pops ou folk ont marqué mes années de fac. Quant à mes propres compositions, elles sont empreintes de toutes ces influences. Pour ce qui est des textes, j’essaie de revisiter ce qui a été fait dans la poésie berbère ancienne. J’ai un magistère en langue et culture amazighes et je suis, de ce fait, sur mon terrain de prédilection. Il est primordiale d’utiliser la langue que l’ont ressent ». Il ajoutera : « ce nouvel album incarne la désillusion et le désenchantement de toute une génération. Ses textes sont un regard sur la situation sociopolitique actuelle et le désenchantement, voire la désillusion de toute une génération, dont je fais partie, qui a vraiment cru à cet élan d’espoir suscité par l’ouverture démocratique qui s’est faite après le printemps berbère. Mais celle-ci s’est vite refermée pour laisser place à la violence, qui aura pour conséquence de faire fuir la jeunesse algérienne qui veut changer de cieux au péril de leurs vies ».  A la question de savoir pourquoi lui il ne s’installait pas en Algérie, il répondra : « je vis entre la France et la Finlande. Mon travail m’amène à beaucoup voyager. Pour ce dernier album par exemple, le travail s’est fait entre Paris et Toronto, car il faut reconnaître qu’ils ont une longueur d’avance sur nous dans ce domaine… ». Il ajoutera : « La chanson festive ou folklorique tend à prendre le dessus sur tous les autres styles car elle est plus lucrative. Mais nous avons besoin de renouvellement, c’est ce qui rend la culture vivante. Ce n’est pas parce qu’un genre a le vent en poupe que nous devons tous y plonger ». Quant à une éventuelle tournée en Algérie, le chanteur confiera : « Pour ce qui des dates de concerts elles ne sont pas encore ficelées, mais une chose est sûre, je ferai au moins 05 concerts en Algérie ».

Karima Talis

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