La wilaya de Tizi-Ouzou, à l’instar des autres régions du pays, a commémoré le 68e anniversaire des massacres du 08 mai 1945. Au programme des festivités, le dépôt d’une gerbe de fleurs à au monument des martyrs de M’douha, la lecture de la Fatiha, puis une opération de plantation d’oliviers au niveau dudit monument.
Par ailleurs, la direction de la culture de la wilaya de Tizi-Ouzou, la Maison de la Culture Mouloud Mammeri, le comité des activités culturelles et artistiques de la wilaya, en collaboration avec le musée El Moudjahid, ont tracé un programme pour célébrer cette journée. Une exposition en plein air a été organisée sur le thème de notre glorieuse révolution. Une conférence sur les massacres du 08 mai 194, a été animée par Amar Ghrain, un historien venu de la wilaya de Sétif, au niveau du petit théâtre de la Maison de la culture. Le conférencier, lui-même fils de Chahid, a entamé sa communication en soulignant l’importance de cette date historique. Il déclarera que « le 8 mai 1945 est une date très importante dans l’histoire de l’Algérie moderne, nous sommes une nation qui a fait l’histoire, mais qui ne l’a malheureusement pas écrite ». L’intervenant, entamera ensuite une narration des faits qui se sont produits ce jour là. Ainsi, il dira : « La répression dans le sang de la manifestation pacifique des algériens, le 8 mai 1945, prouve à quelle enseigne les mots de liberté égalité et fraternité que prêchait le colonisateur, n’était pas à l’ordre du jour dans ses colonies. Après l’annonce de l’armistice, des festivités à grande échelle ont été organisés pour fêter la victoire des alliés sur le nazisme. La région de Sétif, qui fut l’un des fiefs du nationalisme algérien et qui a enfanté l’un de ses leaders, Ferhat Abbas en l’occurrence, a vu, ce jour là la population autochtone sortir dans les rues réclamer, eux aussi, leur part de liberté et de justice. Ce fut un mardi, jour de marché à Sétif, sauf que cette fois-ci, plus de 1500 personnes, dont 200 scouts qui brondissaient les drapeaux des alliers et scandaient des slogans rappelant à la France ses promesses. A la tête du groupe que formaient les scouts lors de cette manifestation, Bouzid Saad, âgé d’une trentaine d’années, tenait un drapeau algérien à la main que le préfet de police lui ordonna de baisser. Après son refus d’obtempérer, le préfet donna l’ordre de tirer sur le jeune homme qui tomba alors que le drapeau fut rattrapé par un autre manifestant qui s’en saisit aussitôt. Ce meurtre n’était que le début d’un génocide qui allait faucher plus de 45 mille algériens. Les tirailleurs Sénégalais, les légionnaires ainsi que le septième régiment d’infanterie d’Alsace et de Loraine étaient embusqués et attendaient l’ordre de donner l’assaut. Les bombardements avaient duré 15 jours et plus de 150 avions survolaient Sétif, Guelma et Kherrata, et des armes ont été distribuées aux colons. Même les côtes n’ont pas été épargnées par les bombardements. Les autorités françaises avaient déclaré que cette répression était légitime et que c’était le prix à payer pour la désobéissance civil. « C’est une bonne leçon à tous les algériens qui pense à la rébellion ». Mais par ce génocide, la France n’a en fait, réussi qu’à accroitre le désir de vengeance et de rébellion parmi la population musulmane ». Le deuxième intervenant fut M. Lahcene Isaadi, un Moudjahid de Kherrata, venu égalkement apporter son témoignage. « J’avais 11 ans à l’époque des faits, mais je m’en souviens encore, car des horreurs pareilles, ça marque à vie ! », déclarera-t-il ému. « Ils ont tout brûlé tout nos gourbis… plus de 67 hommes ont été jetés dans le ravin d’Iftis, les images étaient insoutenables… Les soldats pariaient même sur le sexe des enfants que les femmes portaient et qu’ils éventraient pour voir ». Un film documentaire de Yasmina Addi, intitulé « 08 mai 1945 », a également été projeté au niveau de la Maison de culture. Au théâtre régional Kateb Yacine, une pièce théâtrale, intitulée « 08 mai 1945 », a été présentée par l’association culturelle « Ithranes »
Karima Talis

