Des primes de performances pour des enseignants au repos

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Les travailleurs de l’Institut national supérieur de formation de sages-femmes de Tizi-Ouzou (ex-école paramédicale) sont en grève.

Erigée en institut depuis 2011, l’ex école de formation paramédicale demeure, néanmoins sans statut qui lui permette de fonctionner normalement. Selon les représentants syndicaux de cette structure, leur établissement est un « institut sans statut ! ».  En effet, les textes réglementaires qui régissent le fonctionnement de cet établissement, son organisation ainsi que son organigramme, n’existent pas. Selon une déclaration qui nous a été remise par les grévistes, leur corps, « cheville ouvrière de notre système de santé est toujours sous pression et travaille dans des conditions implacables et spartiates : salaires bas, conditions d’hygiène déplorables, expositions aux risques d’infections… etc ». Des revendications réclamant l’amélioration des conditions socioprofessionnelles des travailleurs ont été soumises à la tutelle, qui, « jusqu’à ce jour, reste silencieuse, ne donnant aucune suite à nos revendications aussi légitimes que justes ». L’un des représentants syndicaux de cette structure nous déclarera que « cette situation pénalise les travailleurs et les prive de leurs droits à la promotion et à l’avancement. Nous sommes piégés par ce vide statutaire qui ne nous permet pas d’élire une nouvelle commission paritaire, dont le mandat est arrivé à terme depuis 2010. Pour être en conformité il faut mettre en vigueur le nouveau statut qui n’est pas encore disponible ! ». Il ajoutera que «l’idéal aurait été de garder les spécialités et les formations que dispensait l’école auparavant, notamment de laborantins, d’infirmiers, de manipulateurs en rayons x, d’auxiliaires médicaux, d’anesthésistes, de secrétaires médicales, de réanimateurs… et d’en faire un institut national de formation, non pas de sages femmes seulement, mais de toutes les branches paramédicales. C’est une grande perte pour la région. La prochaine étape sera de brader le matériel acquis par l’école, qui coûte des milliards, au profit de l’institut national de formation des paramédicaux de Blida ». Le syndicaliste ajoutera, par ailleurs, que « cette décision a été tenue secrète jusqu’à sa parution dans le journal officiel ». Il n’omettra pas de signaler également que les sages femmes stagiaires vont, de par leur grand nombre, rencontrer énormément de difficultés pour trouver une structure qui les accueillerait pour leurs stages pratiques.  L’un des enseignants nous interpellera pour nous parler de son cas, qui n’est pas isolé de ceux des autres travailleurs de cet établissement. «Compte-tenu du nouveau statut, certains enseignants, dont la plupart ont plus de 20 ans de service, ont été tout simplement écartés du volet pédagogique. Je suis salarié à l’instar d’un certain nombre d’enseignants de cette école depuis une vingtaine d’années, et tout était normal jusqu’à l’élaboration de ce nouveau statut et aux nouveaux critères auxquelles je ne réponds pas pour continuer à faire mon travail.  Je ne peux donc plus enseigner, mais je continue à percevoir mon salaire et mes primes de performances sans mettre les pieds dans une salle de classe, et ce, depuis plus d’une année. Officiellement, nous avons 30 heures de volume horaire, mais avec notre cher directeur, il semblerait que plus tu ne travailles pas mieux tu es rémunéré ! J ai envoyé un courrier pour dénoncer cet état de fait au directeur de l’institut pédagogique de formation paramédicale et un autre au cabinet du ministre de tutelle, mais ils sont restés lettres mortes».  Selon notre interlocuteur, « le directeur a dispensé les enseignants qui, pour la plupart ont plus de 20 ans d’expérience, de leur mission d’enseignement, tout en intégrant une parente à lui comme enseignante, alors qu’elle n’est qu’une de nos anciennes élèves de la promotion sortie en juin 2012.  Elle a même été désignée comme membre du jury d’examen de fin d’étude des sages femmes en 2013, sans qu’elle n’ait la moindre expérience ».  «Jusqu’à quand dureront toutes ces inepties? Combien de temps doit-on encore attendre pour voir nos carrières débloquées et notre situation socioprofessionnelle s’améliorer ? », S’interrogent les travailleurs, dont la plupart cumulent un important reliquat vu qu’ils n’ont bénéficié d’aucun échelon depuis 2010 et que certains sont à l’âge de la retraite.

Karima. Talis.

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