A croire que nous avons toutes besoin de lunettes car même les plus minces d’entre nous se trouvent fortes. Glace déformante ou miroir aux alouettes, il est temps d’arrêter le délire. S’il est un sujet qui fait recette, c’est bien celui du régime. Presse féminine, Internet ou télévision, les média font de la perte de poids leurs choux gras. Le régime est aujourd’hui une véritable industrie. Si l’offre est grande, c’est bien parce que la demande l’est aussi. On peut même dire que c’est un phénomène de société quasi-culturel qui touche essentiellement les femmes et dans des proportions souvent démesurées. Aujourd’hui, la dictature de l’apparence nous écrase et provoque des comportements totalement aberrants. Les kilos superflus nous font toutes perdre la raison. Et pourtant il suffirait d’un peu de bon sens et d’objectivité. Une enquête du magazine Top Santé réalisée l’été dernier avec le concours d’IPSOS révèle une véritable épidémie du régime. Deux tiers des femmes déclarent suivre un régime dans l’année. La majorité d’entre elles se mettent à la diète de manière ponctuelle, d’autres vivent en permanence sous la contrainte diététique. Les plus sensibles au phénomène sont les jeunes femmes, voire les jeunes filles pour qui tout est envisageable même la médication ou la chirurgie esthétique. Les moins réceptives à la perte de poids sont, selon le sondage, les femmes âgées (plus de 70 ans) et les femmes vivant en milieu rural. C’est-à-dire que nous souffrons toutes, ou presque toutes, d’une image qui ne nous satisfait pas. Un constat plutôt triste qui dévoile une pression extérieure très forte. Car même lorsque notre poids correspond à un poids équilibré selon des normes médicales, nous sommes encore (dixit le magazine Top Santé) 9 sur 10 à être insatisfaites de notre silhouette.
La taille mannequin
Il semblerait au regard de ces résultats que le poids considéré comme médicalement correct ne corresponde pas aux critères des Françaises. Ce poids que l’on obtient en calculant l’IMC (l’indice de masse corporelle) correspond au poids en kilo divisé par la taille et élevée au carré. Si le résultat est compris entre 20 et 25 vous êtes bien proportionnée. Mais les exemples sont plus parlants. Une femme d’1,60 m doit faire entre 51 et 60 kg. Une femme d’1,70m se situera entre 58 et 72 kg. Ca, c’est du point de vue médical , car les canons de beauté actuels, se rapprochent plus de ce que les médecins appellent le » sous-poids « . Pour une femme d’1,60 m, il se situe autour de 51 kg et pour une femme d’1,70 autour de 58 kg. Les mannequins sont donc toutes en sous-poids. Mais la majorité des femmes n’est pas constituée comme les mannequins. En fait, moins de 5%, c’est-à-dire, 5 personnes sur 100, ont une morphologie qui leur permettra de répondre à la norme esthétique. La dictature de l’image est aujourd’hui si forte et tout particulièrement parmi les jeunes que les cas d’anorexie augmentent de manière dramatique. Certains magazines féminins pour échapper aux accusations d’incitation à l’anorexie ont d’ailleurs déclaré ne plus faire appel à des models trop minces. Mais la dictature de l’image vient aussi du regard que les autres et souvent les hommes portent sur nous. Au même titre que notre regard est déformé par les médias, le leur accuse souvent nos rondeurs. Ils subissent eux aussi l’influence de la mode. Car il ne s’agit que d’une question de culture : autre pays, autre temps autres stéréotypes. Certaines civilisations glorifient la surcharge pondérale. Et paradoxalement dans les pays industrialisés, on observe une forte croissance de l’obésité dans de telles proportions que l’OMS a tiré la sonnette d’alarme. Il est donc temps de considérer le poids essentiellement comme un facteur de santé et de bien-être auxquels contribuent une alimentation équilibrée et du sport. Laissons les régimes à celles qui en ont besoin et arrêtons la torture. Perdre des kilos oui, mais quand cela est nécessaire. Apprenons à nous aimer et à aimer la vie.