Ce sont pas moins de 5 000 signatures qui ont été récoltées, hier après-midi, en guise de soutien à une étudiante de 2e année LMD au niveau de la faculté de génie électrique et informatique, victime de harcèlement sexuel et d’attouchements de la part d’un professeur. Le mis en cause, professeur chargé des TP en électronique générale, ne serait pas à sa première affaire, selon les étudiants de GEI rencontrés sur place. « Suite à l’éclatement de cette histoire, plusieurs étudiantes ont témoigné contre ce professeur, sans pour autant aller jusqu’à déposer plainte contre lui », nous informent les membres du comité d’étudiants de la faculté de GEI. Ces derniers, à l’instar des autres départements, ont tenu des assemblées générales, pour dénoncer les agissements de l’enseignant mis en cause, le 27 du mois en cours. Après avoir entendu le témoignage de la victime, toujours traumatisée, l’ensemble des comités, CID, Cdge, Celn, Cdeth, Cdau en l’occurrence, ont décidé d’un plan d’action. Il s’agit du gel de tous les TP et TD et cours de l’enseignant en question, du lancement d’une pétition de témoignage sur les agissements du professeur et une autre pour sa radiation. Il est également prévu d’observer une journée de protestation, dimanche prochain, suivie d’un rassemblement au niveau de la porte principale de la faculté. Une marche aura lieu, le même jour, vers le rectorat de l’université. Un document sera remis au recteur qui, selon les étudiants, n’a pas été mis au courant de l’histoire. Du moins, pas encore officiellement. Le conseil de déontologie sera également touché pour exiger le passage du professeur en conseil de discipline. En parlant de l’histoire, tout a commencé, du moins pour cette étudiante, un certain 10 avril 2008. La victime ayant raté son 1er TP du semestre en cours, en raison d’un changement d’horaire de dernière minute, a sollicité le professeur en question pour l’admettre dans un autre groupe pour se rattraper. Ce dernier a accepté et à invité l’étudiante à le rejoindre par la suite au niveau du laboratoire télévision, réservé pour les 3e année Deua, sous prétexte de remettre des polycopies pour un camarade. Les camarades de la victime qui nous relatent le déroulement de l’histoire précisent que le laboratoire n’est pas occupé à cette période de l’année. Une fois sur place, la victime se retrouve seule avec l’enseignant en question. « Je vais t’aider pour ta taille, tes yeux et ta beauté, » lui aurait dit ce dernier, avant de procéder à des attouchements qui paralysèrent la jeune fille. L’effet de surprise passé, elle le repousse et tente de fuir. A sa grande stupéfaction, la porte était verrouillée. Le professeur avait pensé à tout. Ce qui signifie que son plan était déjà fait auparavant, selon les camarades de la victime. Le professeur s’excuse et l’invite à se rasseoir en feignant d’être désolé. Ce que fit la victime. Mais son « tortionnaire » revient à la charge et tente encore d’autres attouchements, avant de se résigner à la relâcher. Traumatisée, la jeune fille se terre dans un mutisme inexpliqué et décide de ne pas assister aux TP d’après. Consciente que la fuite n’est pas la meilleure solution, la jeune fille décide de parler, le 21 avril dernier. Elle fait part de sa « mésaventure » à ses parents. Son frère se dépêche le jour même au niveau de la faculté pour avoir une explication avec l’enseignant d’électronique général, en vain. Le professeur s’est inscrit aux abonnés absents. Le lendemain, soit le 22 avril, le frère revient à la charge. Cette fois-ci, il tombe nez à nez avec le harceleur de sa sœur, à l’heure des TP. Le jeune homme a invité le professeur à discuter de l’ »incident ». Niant les faits, le professeur s’est retrouvé en pleine confrontation avec sa victime. Le frère de cette dernière pousse le professeur dans les vestiaires et lui profère des menaces, selon le témoignage même des agents de sécurité de la faculté qui disent qu’en aucun cas le professeur n’a été malmené ou agressé physiquement. Précisons que le professeur a prétendu, selon les étudiants, avoir fait l’objet d’une agression physique et aurait même déposé plainte. Il est également important de noter que l’étudiante en question, réticente au départ vu la nature de l’histoire, n’a pas encore déposé plainte contre son professeur.
Encouragée par la mobilisation de ses camarades et leur soutien dans cette démarche, la victime a consenti à dénoncer officiellement et par voie de justice les agissements de son professeur et de déposer plainte dans les jours à venir. La mobilisation est au rendez-vous, n’en déplaise à l’administration et à l’ensemble des professeurs qui ont opté pour la politique de l’autruche. Les étudiants se disent déçus et dénoncent fortement d’ailleurs la réaction du reste des professeurs qui ont également tenu une assemblée générale, où il a été décidé de soutenir leur collègue et la dénonciation de la « soi-disant agression dont a été victime ce dernier,” selon les étudiants de la GEI.
Samia Ayouni