Les partis veillent au grain

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Dans la wilaya de Béjaïa, la suspicion de fraude électorale est générale et n’excepte même pas le parti du chef du gouvernement. “Nous sommes vigilants, la fraude risque d’émaner de n’importe quelle partie, l’administration étant diverse”, explique M. Bouchoucha, chargé de la communication du RND. “Nous serons présents dans la totalité des bureaux où nous sommes tirés au sort. Dans certaines communes comme Boukhlifa et Tamrijt, nous avons dû composer avec des listes d’Indépendants”, ajoute-t-il.Le RCD a pour sa part fait de la suspicion de fraude un thème de campagne récurrent. S’avouant implicitement incapable d’assurer la surveillance du scrutin par lui-même, il aura, en vain, recherché une collaboration avec le FFS. Seul le FLN fait montre d’une confiance à tous crins. “La fraude est impossible avec le nombre de contrôleurs de partis engagés dans la course”, estime le mouhafedh Hamadou.La tâche de surveillance de ce double scrutin s’annonce complexe. Elle concernera, pour la wilaya de Béjaïa, 1 056 bureaux de vote répartis sur 281 centres.Si chacun des partis en course est assuré d’être représenté par un élément dans chaque centre de vote, il n’en est pas de même pour les bureaux de vote où seuls cinq contrôleurs au maximum seront admis suivant un tirage au sort.Théoriquement, aucun parti ne peut prétendre être présent dans la totalité des bureaux de vote. Pour chaque bureau de vote, le tirage au sort concernera les quatorze listes en course pour l’APW, agrémenté du nombre de listes APC engagées dans la commune considérée. Un parti engagé sur les deux fronts est comptabilisé une seule fois. Ainsi, la probabilité d’être présent dans un bureau de vote est la même pour un parti politique comme le FLN et le FFS, présents dans 48 communes et à l’APW, que pour la liste d’Indépendants “Assirem” qui tente sa chance rien que pour l’APW. Pour Béjaïa-ville par exemple, où sept partis politiques et trois listes d’Indépendants sont en course à l’APC, la probabilité d’être dans un bureau est de 5/17.C’est de cette angle de vue qu’il convient de comprendre la récente sortie du FFS-Amizour qui a considéré la “fantomatique liste HMS” comme étant un “alibi à la fraude”. Un scénario pervers est celui qui consiste à voir des bureaux sans surveillance contradictoire si des listes à faible ancrage sont concomitamment tirées au sort.L’”inflation” des candidatures fait ainsi craindre à certains partis une situation délibérée créée par l’administration dans le but de réduire la probabilité d’être tiré au sort.Délit d’initiésL’absence de signes distinctifs sur les bulletins est aussi source d’ambiguités. Tous les bulletins APC seront ainsi de couleur blanche et ne porteront que les dénominations complètes des partis en course. Les sigles qui captent plus facilement l’attention ne seront pas transcrits. Il n’y aura pas non plus de signes iconographiques distinctifs. Seuls les bulletins des listes Indépendantes seront numérotés.Le FLN et le RND paraissent avoir commis un délit d’initiés, qui n’ont pas cru bon reprendre sur leurs affiches électorales les numéros attribués par la wilaya à chaque parti. “Nous pensons que de telles ambiguités ne peuvent qu’agir au détriment du FFS”, estime M. Kasri.Reste la loi, celle-ci confère à toutes les parties en course le droit de disposer séance tenante des P-V de dépouillement de chaque bureau de vote et procéder aux divers calculs de consolidation. C’est l’argument massue des walis de Tizi Ouzou et Boumerdès qui sont intervenus récemment pour rassurer les partis en lice quant à la neutralité de l’administration.Excepté certains facteurs liés à la préparation en amont des élections, qui peuvent effectivement influer sur le résultat final, la fraude électorale, sauf coup de force impudent, paraît difficile à imaginer. Cette difficulté suppose néanmoins des partis politiques suffisamment et qualitativement pourvu en militants capables d’assurer la surveillance du scrutin. Un aspect sur lequel les principaux partis en course dans la wilaya de Béjaïa s’estiment, comme on le voit, bons pour le service.

M. Bessa

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