Aït El Kacem, la colline oubliée

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Le village d’Aït El Kacem, relevant de la commune d’Assi Youcef dans la daïra de Boghni, à plus de 40 kilomètres au sud du chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou, souffre du manque de développement. 

Ce village, regroupant près de 2 000 habitants, ne dispose pas du minimum vital. Les automobilistes, pour rejoindre ce hameau, perché sur le flan nord de la montagne du Djurdjura, éprouvent toutes les peines du monde. La route qui mène à Aït El Kacem est dans un état de dégradation avancée. Elle se rétrécie au fur et à mesure qu’on avance et devient impraticable à partir d’Aït Amar. Le bitume a totalement disparu. Les nids de poules et les crevasses sont légion. L’automobiliste doit s’armer de beaucoup de vigilance lorsqu’il croise d’autres véhicules. Il faut serrer totalement à droite pour laisser le passage aux véhicules venant en sens inverse. Les virages sont tellement dangereux qu’il est impossible de rouler à plus de 10 Kms/ heure. L’absence du transport public et privé prouve que la dégradation qui a atteint cette route est sans égal. Les gens comptent toujours sur leurs jambes pour atteindre l’arrêt. Après deux interminables kilomètres, ils arrivent, enfin, à la placette du village qui est, elle aussi, non bétonnée. 

Les robinets publics comme au bon vieux temps

Le réseau de l’alimentation en eau potable n’est pas encore mis en service à Aït El Kacem. La seule conduite, qui alimente les villageois, a été réalisée durant les années 80 à partir d’une source en montagne distante de 10 kilomètres, et ce,  grâce aux efforts des villageois qui se sont organisés pour alimenter leurs foyers en eau potable. « Nous n’avons que des robinets publics. Chaque groupe d’habitations dispose d’un robinet. Nous continuons de faire la corvée d’eau comme le faisaient nos aïeux. Le rationnement est de mise même en hiver. Le calvaire, nous l’endurons, en été surtout lorsque le débit de la  source Ahnay diminue. La conduite, sensée nous alimenter en eau potable, n’est pas encore mise en service. Les branchements ne sont pas encore effectués », dira un villageois. L’assainissement, quant à lui, selon les villageois, n’est pas généralisé. Le quartier d’Aït Ramdane n’en dispose pas encore à cause d’un problème d’opposition des citoyens. Beaucoup d’habitations, situées loin du village, ne sont pas encore raccordées, dira un citoyen. Bien que les habitants de ce village sont raccordés au réseau électrique, ils affirment néaumoins qu’ils souffrent des récurrentes chutes de tension surtout durant la période hivernale. Le gaz naturel est arrivé à ce village, mais il n’y a que les habitations, situées à proximité de la route, qui sont raccordées. « 70% des foyers ne disposent pas du gaz naturel. Il n’y a que les habitations sises à proximité de la route qui en bénéficient. Nous demandons aux responsables concernés de nous raccorder au réseau du gaz de ville, car, ici, les hivers sont rigoureux et la neige couvre notre village à longueur de la saison hivernale ». Le téléphone fixe fait également défaut dans ce village « oublié ». « Nous demandons aux responsables concernés d’intervenir pour améliorer notre cadre de vie». À signaler que plusieurs dizaines de demandes ont été transmises aux services concernés, mais, en vain.

Ni école primaire, ni stade …

Au village Aït El kacem, il n’y a qu’aucune aire de jeux. « Ici, nous ne jouons qu’aux dominos, faute de salle de sport », dira un des villageois. Le constat est le même pour le secteur de la culture. Le village ne dispose ni d’un foyer ni encore moins d’une maison de jeunes. L’association culturelle Tafat active dans la Djemaâ du village qui est dans état lamentable, dira un villageois. Ce qui est le plus frappant dans cette contrée de haute montagne, c’est surtout l’absence d’une école primaire. « Nos enfants sont contraints de se rendre à pied à l’école primaire d’Aït El Hadj, distante de plus de 2 kilomètres. En hiver, comme en été nos enfants affrontent le froid, la chaleur et les différents risques liés aux animaux sauvages et à l’insécurité. Nous interpellons les instances compétentes en vue de nous réaliser au moins une annexe ou à défaut nous assurer le transport pour faciliter la scolarisation aux élèves ». À rappeler que dans ce village, l’échec scolaire est important. Un enfant âgé de 5 à 11 ans aura toutes les difficultés du monde à faire un trajet de 2 kilomètres en matinée pour rejoindre son établissement et  revenir le soir pour rentrer à la maison. C’est dire que les enfants du village n’Ath El Kacem sont réellement lésés en terme de scolarité. La gratuité et la proximité de l’éducation pour tous résonnent mal dans cette région de la Kabylie. En somme, dans ce village, le constat n’est pas reluisant. Le minimum nécessaire pour mener une vie décente fait défaut. Une petite école, un petit foyer, une aire de jeux, une conduite d’AEP et la généralisation des réseaux divers amélioreront à coup sûr la vie des villageois et mettront définitivement un terme à leur problèmes.                    

Hocine T. 

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