Les prix du sac de ciment acheté par le citoyen lambda, sont très loin de ceux destinés aux entreprises. Ainsi, il est céder à pas moins de 1300 DA le sac de 100 kg, et peut grimper jusqu’à 1600 DA. C’est du moins ce que nous avons constaté à travers les différents points de vente du chef-lieu de la wilaya. En effet, la plupart des détaillants rencontrés au niveau des quartiers Sorecal, Harkat et Amar Khodja, principaux lieux de ventes à Bouira, déclarent que les prix pratiqués sont dictés par certains spéculateurs qui tiennent le marché. « Moi, je vends le sac d’un quintal à 1350 DA ! C’est mon dernier prix », soulignera Rachid, un détaillant de la rue commerçante de Harkat. Interrogé sur les raison qui l’ont poussé à afficher un tel prix, tout en sachant que la même quantité de ciment est cédée à 700 DA auprès de la cimenterie de Sour El Ghozlane, notre interlocuteur, dira d’un ton amusé : « Oui, je le sais, mais ce que tout le monde ne sait pas, est que le ciment qui sort de la cimenterie est accaparé dès sa sortie par des revendeurs locaux aux bras longs, qui jouent sur la spéculation en créant une fausse pénurie et, inévitablement, font grimper les prix », soulignera-t-il. Son camarade Hichem, abondera dans le même sens, tout en mettant en exergue l’impuissance des petits détaillants, face à la machine de la spéculation. « Nous, on achète au prix proposé et on le revend avec une marge bénéficiaire de 20% ». Du côté des revendeurs du quartier Amar Khodja, on est plus loquace sur le sujet, on dénonce carrément une « mafia » du ciment. D’après certains de nos interlocuteurs, le ciment produit à la cimenterie de Sour El Ghozlane, à titre d’exemple, transiterait par un circuit opaque qui serait détenu par certains gros entrepreneurs de la région. « Il y a des gens très influents qui joue sur les prix, afin d’en tirer d’énormes bénéfices », notera Saleh, un détaillant de la rue Amar Khodja. Cette accusation est balayée d’un revers de main par la quasi majorité des entrepreneurs rencontrés, qui se définissent comme « des bâtisseurs et non pas des spéculateurs ». Toujours est-il que selon les détaillants questionnés, le problème de la hausse du ciment et sa pénurie proviendrait de la source, à savoir les cimenteries et ceux qui gravitent autour. D’ailleurs, selon des informations le directeur de la Cimenterie de Sour El Ghozlane a été démis de ses fonctions sur la base de certaines accusations se rapportant à une présumée mal gestion des affaires de cette entreprise. Pour rappel, au mois de mars 2012, une affaire de ciment frelaté a éclaté au grand jour, puis étouffée sans que l’on sache les véritables tenants et aboutissants. Quoi qu’il en soit, la plupart des revendeurs et détaillants interrogés interpellent les autorités publiques et exigent « une totale transparence », concernant le circuit du ciment. Certes, il y a bel et bien pénurie de cette matière, notamment du fait que les travailleurs des cimenteries de M’Sila et de Béni Saf avaient cessé leurs activités durant le mois de mars dernier pour protester contre leurs conditions socioprofessionnels jugées indignes, cependant, cette pénurie du ciment, qui a contraint l’Etat à recourir à l’importation massive, est également due, d’après tout ce qui a été relaté à ce qui s’assimilerait à une «pègre» du ciment. La spéculation a atteint des niveaux records, ce qui pousse certains observateurs économiques à ne pas écarter une nouvelle hausse de cette matière, qui pourrait atteindre, voire dépasser, les 2000 DA/quintal.
Ramdane B.