Boudiaf, 21 ans déjà !

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Il y a 21 ans, jour pour jour, fut assassiné Mohamed Boudiaf, homme du consensus qui ressuscitait l’espoir chez les populations algériennes de divers horizons. 

Rappelé le 14 janvier 1992, par les responsables de l’époque, de son exil au Maroc où il avait passé 32 ans, afin de sauver le pays de l’engrenage intégriste où il était plongé suite à l’annulation du processus électoral, il a été alors installé à la tête du Haut Comité d’Etat. On y voyait l’homme intègre qui inspirait confiance aux algériennes et algériens. Ce militant de la 1ère heure, qui était sur tous les fronts, a intégré le PPA en 1945 et a participé à la création de l’organisation secrète (OS) en 1950 par le Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratique (MTLD). Soupçonné pour ses activités politiques, il est condamné par contumace avec les autres membres de l’organisation. Ensuite, il sera muté en 1952 par le MTLD en France où il milite au sein de la communauté algérienne. Si Tayeb El Watani a participé en 1954 à la création du Comité Révolutionnaire de l’Unité et de l’Action (CRUA) dont il fut élu président. D’autres part, il a été coordonnateur du groupe des « 22 » qui a organisé la préparation du déclenchement de la lutte armée en novembre 1954. Ce patriote, à la fois courageux et sensible aux exactions que pratiquait l’armée française à l’encontre des populations indigènes, était animé d’une foi inébranlable pour libérer l’Algérie du joug colonial. Le 22 avril 1956, il est arrêté en compagnie d’Ait Ahmed, Ben Bella, Khider et Mustapha Lacheraf, lors du détournement de l’avion marocain qui les transportait vers la Tunisie. Ils seront libérés le 18 mars 1962. Le 20 août 1956, à l’issue du Congrès de la Soummam, il est nommé membre du Conseil National de la Révolution Algérienne (CNRA), alors qu’il était toujours en prison. Cet homme au grand cœur, fait partie des 09 historiques avec Hocine Ait Ahmed, Ben Bella, Krim Belkacem, Mostepha Ben Boulaid, Rabah Bitat, Didouche Mourad et Mohamed Khider. Il a été nommé ministre d’Etat dans le GPRA de 1958 à 1961. En juillet 1962, il crée le Parti de la Révolution Socialiste (PRS), suite à un désaccord avec le président Ben Bella. Il sera, ensuite, arrêté le 23 juin et condamné à mort. Si Tayeb El Watani, comme l’appelaient ses camarades de guerre, tire cette appellation de son nationalisme et de l’amour qu’il portait à son pays. Il est né le 23 juin 1919 à Msila. Ironie du sort, c’est un 23 juin qu’il sera arrêté par Ben Bella. Il sera également assassiné durant la vingtaine du même mois, un certain 29 juin 1992, lors de son déplacement dans la wilaya d’Annaba. L’auteur présumé de cet assassinat, un certain sous-lieutenant du groupe d’intervention spéciale GIS, l’avait visé au moment où il tendait sa main aux Algériens, sollicitant leur aide pour « sortir le pays de la crise multidimensionnelles » où il l’avait trouvé. Fait unique dans les annales, il a été tué en plein discours et en direct à la télévision.          

Madjid  Aberdache 

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