Rappelons que ce dernier lui avait adressé une correspondance le mois d’octobre dernier dans laquelle il s’est insurgé contre les déclarations faites par le représentant du FMI, M. Erik de Vrijer, lors de sa visite en Algérie, en lui exprimant son désappointement concernant ce qui a été dit sur la politique salariale de l’Algérie. L’hôte de l’Algérie, De Rato, venu depuis dimanche dernier pour assister, à la Conférence technique sur la facilitation du commerce entre l’Algérie, le Maroc et la Tunisie, dont les travaux ont pris fin avant-hier, a souligné, dans le même sens, que le « FMI intervient non seulement en Algérie mais dans tous les pays. Sa raison d’être est de donner son opinion sur la politique fiscale et même sur d’autres axes et je pense que l’avis que nous fournissons est important, voire nécessaire, car il permet aux pays concernés d’avoir une stabilité macroéconomique. » En lui emboîtant le pas, le ministre des Finances, Mourad Medelci a rétorqué avec fermeté, dans la même conférence de presse animée hier à la résidence El Mithak conjointement avec le DG du FMI, le ministre des Finance et de la privatisation marocain et le responsable de la Banque centrale de la Tunisie, que l’apport du FMI ne peut qu’ « être bénéfique pour chaque pays ». Plus loin, non pour discréditer son représentant, De Vrijer, plutôt pour renforcer ce qu’il avait déclaré en octobre dernier, De Rato a enchaîné en disant que « l’Algérie doit adopter une politique fiscale plus adéquate qui lui permettra de réduire le poids de sa dette publique et le volume d’inflation et par conséquent assurer une bonne croissance économique ». S’acquitter ou du moins arriver à la réduction de la dette publique constitue, aux yeux de De Rato un « besoin » pour que le pays soit réconforté dans sa position. Selon lui, la croissance macroéconomique est tributaire de la réduction de la dette. Toujours dans le même sujet relatif à la politique salariale, De Rato a plaidé pour la révision de la gestion de la fiscalité pétrolière en assurant la transparence dans l’utilisation des ressources. Seule façon, a-t-il dit, qui permettra d’amoindrir le poids du « boulet » de la dette. Et d’ajouter « tous les pays producteurs de pétrole doivent être conscients de la valeur du pétrole et ils doivent l’accompagner de mesures sociales directes au profit des familles de faible revenu ». C’est sur ce point d’ailleurs, que l’invité de l’Algérie s’est, entre autres, entretenu avec le chef du gouvernement avant-hier. « Nous avons également parlé de la situation économique et surtout sur la croissance, sur les réformes bancaires, sur l’utilisation des ressources pétrolières et sur la refonte de l’administration publique », a-t-il ajouté. Revenant au sujet à l’ordre du jour ayant trait à la coopération et à la facilitation des échanges commerciaux entre les trois principaux pays du Maghreb, à savoir l’Algérie, le Maroc et la Tunisie, De Rato a fait savoir qu’en raison de nombre d’obstacles, l’intégration maghrébine se voit freiner. Le volume des échanges entre les trois pays, pourtant voisins, ne dépasse pas les 2%. Une raison pour laquelle, le FMI estime impératif de mettre en place des mesures idoines susceptibles de créer des opportunités qui bénéficieraient aux échanges commerciaux. Il s’agit principalement d’harmoniser les réglementations régissant les échanges commerciaux, de suspendre les distorsions au commerce afin de réduire le volume des flux informels et de poursuivre les réformes des tarifs douaniers et ceux lancés dans le secteur financier et dans les systèmes de paiement. En attendant la mise en œuvre de ces recommandations, les trois pays doivent conjuguer des efforts pour rendre plus fluide leurs échanges commerciaux, en commençant d’abord par l’adoption d’une nouvelle logique régionale, souligne De Rato avant d’enchaîner qu’un observatoire du commerce extérieur maghrébin, présidé par un représentant du secteur privé sera mis en place. Quant à l’ouverture des zones de libre échange, Medelci a fait savoir que pour le moment la question « n’est pas à l’ordre du jour ». Pour sa part, De Rato estime que cette question est » éminemment politique « .
Wassila Ould Hamouda
