Le même scénario se répète, chaque année, en Kabylie Maritime, notamment au niveau de la daïra de Tigzirt, située au nord de la ville de Tizi-Ouzou. La crise de l’eau commence, comme c’est devenu une tradition, au début de l’été et de la saison estivale. Cette région côtière, prisée par des milliers d’estivants et de touristes durant la saison des grandes chaleurs, est dépourvue en eau pendant des semaines, voire des mois entiers. Depuis plus de 20 jours, l’eau n’a pas coulé des robinets de la plupart des quartiers de la ville de Tigzirt et du grand village de Tifra. Les habitants de la région sont excédés par ce manque cruel et perpétuel d’eau, durant la période où cette denrée alimentaire est plus que demandée. Ils ne savent pas quoi faire, ni à quelle porte frapper pour se faire entendre. Pour s’approvisionner en eau à Tigzirt, l’achat des citernes d’eau est la seule solution, et le prix de ces dernières est de 1000 dinars. D’autres, ceux qui sont véhiculés, se ruent vers les sources naturelles des villages de la région, notamment à celle du village Azroubar, dans la commune de Mizrana, du village Azra dans la commune de Tigzirt et parfois jusqu’à des sources éparpillées au niveau de la commune voisine d’Iflissen. Les restaurateurs et les commerçants de la ville de Tigzirt sont les plus pénalisés. Ils disent qu’ils sont désemparés devant cette situation. « On ne travaille que durant cette saison pour compenser un tant soit peu les périodes de disette du reste de l’année, mais le manque d’eau nous pourrit la vie et la situation ne fait qu’empirer. Chaque été on nous prive d’eau et on ose parler de développement du tourisme dans la région », fulmine le gérant d’un cafeteria à Tigzirt. Selon un gérant d’une agence immobilière, les touristes locataires ont sensiblement diminués, ces dernières années, à cause du manque d’eau, d’un côté et des coupures itératives d’électricité d’un autre. Même son de cloche au niveau des villages de cette commune côtière. À Tifra, El Kalaâ, Chorfa et Lazaïb, les appels de détresse fusent de par tout. Les puits et les fontaines se tarissent, au plus tard, au début de mois de juin, et ce, à cause d’une hyper exploitation. De ce fait, la tension s’installe. Les éleveurs d’ovins et de volailles sont les plus touchés par cette crise. Ils enregistrent parfois de grandes pertes à cause du manque d’eau. « En plus de la cherté des aliments pour bétail, on fait face, encore, du mois de juin jusqu’au mois de septembre, à la crise de l’eau. Une vache consomme au moins 200 litres d’eau par jour. J’ai 20 têtes, donc il me faut au moins, rien que pour la consommation de mes bêtes, 2 000 litres/jour », nous expliquera un éleveur de la région de Tigzirt.
Zahir Fellas