«Ils n’étaient pas désavantageux pour l’Algérie»

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Les Accords d’Evian n’étaient pas désavantageux pour l’Algérie, malgré le maintien de soldats français à la base militaire de Mers El Kebir jusqu’en 1967 et les essais nucléaires au Sahara, a indiqué Me Ali Haroun, membre de la Fédération de France du Front de libération nationale (FLN) dans un entretien à l’APS.

“Le projet d’accord a été discuté et voté en février 1962 par le CNRA (Conseil national de la Révolution algérienne). Le CNRA a chargé le GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne) de négocier sur la base du document” adopté à la majorité en dehors de quatre représentants de l’Etat-major de l’Armée de libération nationale (ALN) qui l’avaient rejeté à savoir Houari Boumediène, le commandant Slimane (Kaïd Ahmed ), Ali Mendjeli et Nacer Bouizem de la wilaya 5», a affirmé Me Haroun. Si l’état-major de ALN avait qualifié certaines clauses des accords d’Evian de “néocolonialistes», Me Haroun a estimé que “la situation dans laquelle se trouvait l’Algérie en mars 1962” ne pouvait plus permettre de continuer la guerre puisque, selon lui, “on ne pouvait plus acheminer d’armes de l’extérieur à cause des lignes Chales et Morice”. Me Haroun a insisté sur le fait que ces accords avaient permis d’arracher “l’indépendance du pays, l’intégrité du territoire de l’Algérie et l’unité du peuple algérien, parce que la France avait voulu créer des catégories de citoyens”. “La France a reconnu la souveraineté de l’Algérie sur Mers El Kebir et puis pendant des années, après le départ des Français, cette base n’était pas exploitée», a-t-il révélé. Pour ce qui est de l’autorisation des essais nucléaires au Sahara, il a signalé que cet arrangement entre l’Algérie et la France “n’était pas dans les accords d’Evian, mais dans des accords extérieurs”. A propos de Chawki Mostefai qui avait négocié avec les ultras de l’OAS (organisation de l’armée secrète), Me Haroun a précisé que “Ben Bella n’était pas seul à avoir lâché Mostefai”. “Même le GPRA l’a fait», a-t-il martelé. Il a expliqué que “quand Mostefai était arrivé le 7 juin 1962 à Tripoli, la crise avait commencé la veille. C’est-à-dire le 6 juin», en soutenant que “Mostefai avait fait ce qu’il devait faire en négociant avec l’OAS et c’était avec l’accord du GPRA”.

Crise de l’été 1962 : la Fédération de France du FLN était pour un “régime civil”

La Fédération de France du Front de libération national (FLN) n’était ni avec le gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), ni contre l’armée, mais avec le régime civil, lors de la crise de l’été 1962, a également affirmé Me Haroun, membre de direction de la Fédération de France du FLN. “La Fédération de France du FLN n’était pas d’accord avec Ben Bella et Boumediene. Elle n’était ni avec le GPRA, ni contre l’armée ‘Etat-major de l’ALN’, mais avec le régime civil” a déclaré Ali Haroun. “Nous avions dit que ce gouvernement était reconnu par 50 Etats et donc il faut attendre que tout le monde soit rentré en Algérie pour organiser un congrès duquel sera issu un nouveau gouvernement», a-t-il souligné. Il a expliqué que cette position de la Fédération de France du FLN était dictée par le fait qu’un certain nombre de moudjahidines étaient encore “dans les prisons, dans les camps d’internement, au niveau des wilayas et des maquis”. La décision prise à Tripoli (Libye), à cette époque-là était motivée par “l’amour du pouvoir” et surtout “l’amour du siège», a-t-il précisé réaffirmant que “la Fédération a refusé ces manœuvres”. Ali Haroun a rappelé les conditions dans lesquelles il y a eu émergence de Ahmed Ben Bella qui “était une idole et il est devenu une personnalité connue au niveau international avant même Nelson Mandela”. “Il était connu dans le monde arabe, le monde musulman, en Chine et Ben Bella s’est comporté comme le grand leader du FLN parce que tout le monde parlait de ‘l’avion de Ben Bella’“ détourné par les Français et à bord duquel étaient présents également Hocine Ait Ahmed, Mustapha Lacheraf, et Ahmed Khider. Cependant, a tenu à le préciser Me Haroun, “il ne suffisait pas d’une aura pour diriger, mais il fallait avoir une force, et Boumediène avait l’armée des frontières qui était forte parce que les unités militaires stationnées dans les wilayas à l’intérieur de l’Algérie étaient exsangues”.

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