La pénétrante autoroutière de Béjaïa risque de ne pas être livrée dans les délais impartis, en raison d’oppositions de citoyens et un manque avéré d’agrégats.
Le wali de Béjaïa, Ahmed Hamou Touhami, en est bien conscient. Pour lever toutes les contraintes, le chef de l’exécutif de wilaya a appelé mercredi soir, lors d’une séance de travail, organisée à la salle de délibérations de l’APW, à la conjugaison des efforts. Devant les directeurs de son exécutif, des élus de l’APW et quelques P/APC, Ahmed Hamou Touhami a évoqué les principaux écueils qui freinent la dynamique de développement dans la région, à savoir les oppositions citoyennes et la fermeture des carrières d’extraction d’agrégats. Un état de fait, selon lui, qui peut bien compromettre la réalisation des projets structurants dont a bénéficié la wilaya. « Béjaïa a bénéficié de deux projets importants pour son désenclavement. Ils s’agit de la liaison autoroutière et le dédoublement et l’électrification de la voie ferrée Béni Mansour- Béjaïa», a-t-il indiqué d’emblée, avant de lancer un appel en direction des élus locaux, afin de l’accompagner pour la réalisation de ces projets structurants. « Vous êtes dans l’obligation de nous accompagner pour la réalisation de ces projets en sensibilisant les citoyens. Il faut qu’ils comprennent que ce sont des projets d’utilité publique », leur a-t-il expliqué tout en donnant un aperçu sommaire sur l’état d’avancement des travaux de réalisation de la pénétrante. « L’entreprise chargée de la réalisation de la pénétrante est sur le terrain. Certes, on a rencontré quelques difficultés pour l’implantation des bases vie, mais grâce aux efforts des uns et des autres, on a pu lever toutes les contraintes », s’est-il félicité tout en faisant comprendre aux élus locaux que le développement à un prix. « L’autoroute doit passer. Elle se fera au détriment des terres agricoles, des oliveraies, des biens de particuliers… Vous, en tant qu’élus, vous êtes censés expliquer aux citoyens qu’ils seront indemnisés sur la base d’une estimation domaniale. Pour les indemnisations seulement, nous avons une enveloppe de 810 milliards de centimes », a-t-il précisé avant de rebondir sur un autre problème lié au manque d’agrégats dont le déficit est estimé par le DEM, à quelque 4 millions de tonnes. « Nous avons un problème avec les carrières et les sablières », a-t-il avoué en plaidant pour la réouverture et l’exploitation de celles fermées par des citoyens dans les communes de Timezrit, Bouhamza, Melbou, entre autres. Pour le DEM de Béjaïa, les fermetures répétitives des carrières, depuis 2001, « risquent de compromettre le projet », précisant que sur les 28 carrières en activité depuis 2000, seulement 8 sont exploitées présentement. Lui emboîtant le pas, le DTP a indiqué que les travaux d’ouverture de la pénétrante sur 8 kilomètres, à Amizour, « avancent à petits pas au motif du manque d’agrégats ». L’autre projet évoqué par le wali a trait au dédoublement de la voie ferrée Béjaïa -Béni Mansour dont l’étude et l’enquête ont été finalisées. Un projet, regrette le chef de l’exécutif de wilaya, qui butte également sur des oppositions farouches des citoyens et une certaine « volonté de nuire » de quelques P/APC. « Il y a eu des permis de construire qui ont été délivrés par des APC, après enquête, pour mettre l’administration devant le fait accompli » a-t-il relevé tout en assurant que le dédoublement de cette voie se fera même s’il y aura de la « casse ». Prenant la parole, le P/APW de Béjaïa, Mohamed Bettache, a déclaré que « personne n’est contre le développement de sa région », tout en regrettant la bureaucratie ambiante qui gangrène l’administration locale. Pour lui, s’il y a retard dans la réalisation de quelques projets, cela incombe, en premier lieu, aux gestionnaires. Il a, au passage, plaidé pour l’allègement des procédures et l’association des élus dans la prise de décisions. À ce sujet, le wali de Béjaïa a enjoint aux directeurs de son exécutif de « lever un peu la main pour faire passer les dossiers dans le cadre de l’intérêt de la région».
D. S.