Le secteur de la santé à l’échelle de la wilaya de Bouira connaît un grand nombre de carences et d’insuffisances. Ce constat a été fait, à maintes reprises, par de nombreux professionnels du secteur. les élus s’accordent sur la fragilité de ce secteur. Lors des diverses sessions de l’APW, plusieurs d’entre eux avaient interpellé le DSP de Bouira et même le chef de l’exécutif, sur la situation qualifiée de végétative. Parmi les insuffisances répertoriées, on citera le manque de structures hospitalières et la vétusté de celles qui existent, à travers l’ensemble du territoire de la wilaya. Face à cela, les pouvoirs publics ont initié plusieurs projets de réhabilitation et réaménagement de certaines d’entre elles. L’objectif étant d’améliorer les conditions d’accueil des malades qui qualifient certains établissements sanitaires de « mouroirs ». Cependant, les retards et les négligences enregistrés dans les travaux de réalisation de ces projets aggravent l’état de ce secteur malade. L‘exemple le plus illustrant est sans conteste le pavillon des urgences de l’hôpital Mohamed Boudiaf, sis au chef-lieu de la wilaya. Ce bloc, qui devait faire peau neuve, après une opération de réhabilitation à coup de millions de dinars, traîne en longueur! En effet, la réhabilitation et l‘équipement du service des urgences et du bloc opératoire de l’EPH de Bouira ont été lancés au mois de mars 2012. Le délai de réalisation ne devait pas excéder des 12 mois et une enveloppe budgétaire estimée à 70 millions de dinars a été investie. Cette opération remise à neuf consistait en la démolition des murs intérieurs de l’ancien bloc du service des urgences et du bloc opératoire, l’agrandissement des salles de soins, la remise à niveau du bloc opératoire et la mise en place d’un compartiment administratif à même de garantir au personnel soignant des conditions de travail confortables. C’était là la théorie. Mais dans les faits, ce chantier a fait du surplace pendant plusieurs mois, sans que les services concernées directement ne réagissent. Il aura fallu que l’ex-wali de la wilaya, Ali Bouguerra, lors d’une visite d’inspection effectuée au mois de novembre dernier, fasse preuve d’une grande fermeté à l’égard des responsables de ce projet, pour que celui-ci redémarre à nouveau. Toutefois, cette reprise a été de courte durée, et le chantier connaîtra de nombreux retards. Le wali actuel, Nacer Maaskri, constatera à son tour, peu de temps après son installation, que ce projet non seulement n’avançait pas, mais était carrément à l’arrêt. D’ailleurs, on apprendra, de source proche de la wilaya, que le chef de l’exécutif a ordonné au mois de mars dernier, à l’entreprise chargée de ce projet, d’accélérer la cadence des travaux. Mais cette instruction n’a, selon toute vraisemblance, pas été prise en considération. Deux mois plus tard les mêmes retards ont été constatés par Maaskri. Ce dernier, qui s’est dit « floué » par l’entreprise, a laissé éclater sa colère face à l’entrepreneur : « Vous êtes très en retard monsieur ! Je vous ai laissé du temps pour vous rattraper. Mais à ce que je vois, vous n’avez pas pris mes consignes en considération. Vous me décevez énormément », lui a-t-il lancé d’un ton furieux. Et de lui asséner encore : « Débrouillez-vous comme vous le voulez, ce pavillon je le veux clefs en main pour juillet prochain ». Ces remontrances ont quelque peu fait accélérer le chantier, mais les délais impartis sont loin d’être respectés. On en est au mois d’août et le pavillon est toujours en chantier. Voulant en savoir plus sur le sujet, nous avons voulu prendre attache avec le chef de projet, mais en vain. Lors de nos nombreux passages sur les lieux, on nous signifiera à chaque fois que ce responsable était absent…
Polyclinique Mohand Ameur : Le provisoire qui dure
En attendant que ce pavillon soit définitivement achevé et fonctionnel, les malades sont, depuis plus d’une année, orientés vers la polyclinique Mohand Ameur, située au quartier de Oued Dhous, à la sortie Est de la ville de Bouira. Cet établissement de santé devait accueillir, provisoirement, le service des urgences. Mais force est de constater que le provisoire dure toujours. « Cette polyclinique, en temps normal déjà est surchargée. Imaginez alors sa situation durant le mois sacré de Ramadhan, avec les intoxications alimentaires et autres interventions liées à la canicule qui explosent carrément », dira ce patient désabusé rencontré sur place. Certains admis au service des urgences ont fait état d’une anarchie indescriptible : « Les malades sont traités comme du bétail ! On se croirait dans une étable », dira Mme Fatima. H, une patiente qui en a fait l’amère expérience. Elle raconte sa mésaventure : « Je suis allée après l’ftour, suite à une indigestion. On m’a fait attendre pendant plus 30 minutes, avant qu’un jeune médecin vienne me voir (…) Ce brave garçon m’a examiné à même le sol, il en était tout confus », a-t-elle tenu à préciser. « Je ne remets pas en cause le personnel soignant, loin de là! Je dis seulement que cette polyclinique n’est pas du tout adaptée ni équipée pour accueillir un aussi grand nombre de malades », a-t-elle encore ajouté. Outre son exiguïté cette polyclinique de proximité connaît, depuis quelques temps déjà des problèmes d’insécurité. Ainsi, et selon plusieurs témoignages, bon nombre d’agressions ont été enregistrées à l’intérieur même de l’établissement. Ces agissements ont touché aussi bien les malades que le personnel. Les médecins ont d’ailleurs tout récemment débrayé pendant une demi-journée. Ils dénonçaient les agressions à répétition et réclamaient le renforcement du dispositif de sécurité aux abords de leur lieu de travail. Ils s’insurgeaient également contre ce provisoire qui s’éternise et exigeaient la réouverture « immédiate» du pavillon des urgences de l’EPH. Le directeur de l’hôpital Mohamed Boudiaf, M. Bounous rassure que : « les malades auront une meilleure prise en charge au sein du pavillon central. Nous attendons avec impatience sa réouverture » Jusqu’à quand encore ?
Ramdane. B.