Sublime !

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Incontestablement, la soirée du vingt-quatrième jour du Ramadhan restera à jamais gravée dans la mémoire des centaines de spectateurs qui ont pris possession, non seulement de la surface du stade de Tizi-Gheniff, mais également de tous les alentours et même des balcons des bâtiments riverains.

En effet, c’est  sur une scène, dressée au stade communal par le comité culturel de la ville, que le grand  artiste, l’un des derniers monuments de la chanson kabyle, le maestro Akli Yahiatène, fut accueilli par les jeunes et les moins jeunes qui formaient l’assistance.  Il était impossible d’évaluer le nombre des spectateurs tant le flux n’a cessé de s’accroître tout au long de la soirée. « Je pense, sans risque de me tromper, qu’il y a  ici au moins 5 OOO à 6 OOO personnes », a tenu à nous déclarer Aami Rabah, un fan de la première heure d’Akli Yahiatène, ravi d’être là. Pour les membres du comité culturel, à leur tête M. Mohamed Bougaci, le président, tout a été préparé pour ce grand gala. Une parfaite organisation et une collaboration étroite avec le service d’ordre.« Le public de Tizi-Gheniff a toujours été irréprochable. C’est un public de connaisseurs. Tout le monde se connaît ici », nous confie un des inspecteurs  de la sûreté de daïra. La première partie de la soirée fut assurée par Ahcène Aït Zaïm, un  autre artiste très connu dans la localité. Pendant ce temps, Da Akli était dans les vestiaires  de l’OTG, aménagés en salon pour la circonstance. Il répondait aimablement aux sollicitations des membres  du comité d’accueil et des élus locaux de se prendre en photos avec lui. Ce n’est donc que vers 22h que l’artiste entra en scène, l’allure altière malgré le poids de l’âge.  « Bonsoir tout le monde », lança-t-il à l’assistance. Pensant que le doyen de la chanson kabyle n’aurait peut-être pas la force de se tenir longtemps debout, les organisateurs ont installé une chaise pour lui permettre de s’asseoir. Ce qu’il fit. Mais il ne tarda pas à se remettre debout, voulant sûrement dominer de tout son corps la scène. Durant plus d’une demi-heure, le grand maître égrainera son répertoire sans avoir à consulter une quelconque page de papier.  C’est avec sa célèbre chanson ‘’Athamourthiou’’ que le chanteur entama son récital. S’en suivra ‘’Aminigh awal fahmitth’’, puis d’autres encore avant d’arriver à ‘’Zrigh Azin dhi Michelet’’. Après cette chanson, il demandera à l’assistance la permission d’aller se reposer un peu avant de revenir bien sûr : « Je suis un peu fatigué et je vous prie de m’excuser. Permettez-moi d’aller prendre quelques instants de repos. Mais je vous laisse entre de bonnes mains, que vous connaissez déjà celles d’Ahcène Aït Zaim ! » Ce dernier, virtuose du mandole, ne se fit pas prier pour prendre dignement la relève du maître. Avec sa voix douce et des textes recherchés, il captiva très vite le cœur et l’esprit des jeunes et moins jeunes. A la reprise, Da Akli Akli Yahiatène, en fin connaisseur, adopta une autre stratégie pour la seconde partie de son spectacle. Sachant qu’il a affaire à des milliers de jeunes, venus se défouler, n’hésita pas à passer à des chansons plus gaies et à des mélodies plus entraînantes. Il commença par la chanson marocaine ‘’Tchic Echbila’’ qu’il fera suivre de plusieurs autres. Il exécutera même quelques pas de danse, ce qui acheva de faire entrer le public en transe. Le temps passa très vite. Et comme à regret, da Akli commença à faire ses adieux. Mais un septuagénaire s’avança devant la scène et lui demanda : « qu’est devenue ‘’Malaa -youne Taos’’ ? ». Après avoir consulté le chef -d’orchestre, Da Akli reprit le micro et accéda à la demande de son fan. Il rendra également hommage à ‘’Ikhedamen an Vougaya’’ et ce fut de nouveau le délire dans la foule de spectateurs.

Essaîd Mouas

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