Le moudjahid Mohamed Abbas tire sa révérence

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Il y a des gens qui ont fait l’histoire et ceux qui sont faits par l’histoire. La Révolution algérienne a été marquée par de braves hommes et femmes qui se sont sacrifiés pour que, aujourd’hui, ce pays vive dans la dignité. Beaucoup de patriotes ont marqué leurs parcours respectifs avec des lettres d’or. Mohamed Abbas en fait partie. Il était l’un des éléments les plus actifs au sein de la Fédération de France. Natif du village Ilyiten, dans la commune de Saharidj, il a pris son destin entre ses mains pour rejoindre ses concitoyens en France à l’effet de subvenir aux besoins de la famille. Il a travaillé dans une usine. Une fois la stabilité retrouvée, ce jeune de forte corpulence s’inscrit dans un club sportif pour la pratique du sport roi qu’est la boxe. Discipliné et courageux surtout, son entraîneur a beaucoup apprécié ses qualités et lui proposa de participer à des compétitions nationales et même en dehors du territoire français. Chose qu’il a acceptée avec joie. À chacune de ses sorties, Mohamed Abbas ne faisait que gravir les échelons et honorer la confiance placée en lui par son entraîneur, mais il s’est vite rendu compte du mépris affiché à son égard en tant qu’algérien, nonobstant les résultats décrochés.  Alors, il décida de rejoindre les rangs du Front de Libération National à l’émigration. Les responsables de cette structure n’ont pas tardé à avoir confiance en lui et à le charger des missions les plus délicates. Et c’est là qu’il épousa Lily, une luxembourgeoise. Convaincue de la justesse cause que défend son mari, elle aussi s’est investie dans le travail de proximité au profit de la Révolution. Grâce à elle, M. Abbas a pu transporter du courrier ainsi que de l’argent à travers le territoire français sans que la police ne s’en rende compte. Et ce n’est qu’au début des années soixante qu’il tomba dans le filet des services de sécurité français qui l’ont d’abord arrêté puis expulsé vers l’Algérie. Quelques mois plus tard, l’Algérie recouvre son indépendance et Mohamed Abbas s’installa à Alger, plus précisément à Oued Smar où il fût embauché dans une usine jusqu’à sa retraite. Aux débuts des années 90, lorsque l’Algérie tombe dans la terreur des intégristes, M. Abbas a été interpellé par son esprit de nationaliste pour prendre les armes et défendre la patrie. Samedi dernier, il s’en est allé à l’âge de 79 ans, après avoir accompli son devoir de patriote pour rejoindre sa compagne Lily, la luxembourgeoise, décédée en mars dernier. Une foule nombreuse l’a accompagné jusqu’à sa dernière demeure le lendemain dimanche.

S. M.

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