«Pas de référendum sur Tamazight»

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C’est en homme satisfait et visiblement content que Bélaïd Abrika s’est présenté hier devant la presse pour faire état de l’avancement que son mouvement mène actuellement avec les représentants de l’Etat pour la mise en œuvre de la plate-forme d’El Kseur. Non pas que les discussions sont terminées mais que « des avancées considérables sont enregistrées » et que l’essentiel des revendications du Mouvement citoyen « sont satisfaites ».La concrétisation des acquis sur le terrain n’est pas encore à l’ordre du jour, mais il faut retenir de l’intervention du porte-parole de la délégation des archs des pas considérables dans les discussions en cours, à commencer par le début d’application des chapitres déjà clos.

Les incidences : « C’est presque fini »C’est donc inévitablement que l’orateur débute sa conférence de presse par énumérer les résultats des six incidences sur lesquelles un protocole d’accord a été signé en janvier 2004 avec le chef du gouvernement. A ce titre, il tient à « se féliciter de l’acquittement des étudiants de Ben Aknoun » qui ont été relâchés hier. Il s’agit pour Abrika d’une suite de l’accord sur les incidences actualisées. L’autre point satisfait est celui relatif à « l’arrêt des poursuites judiciaires » ou qui sont réduites « à des cas rares ». Tous les autres points, à l’instar de ceux relatifs à l’amnistie fiscale, le paiement des factures Sonelgaz et celui des indus élus, qui n’attendent que leur départ, sont en phase d’application. Ceci dit, Abrika a avoué que le problème de la fiscalité demande plus de temps que prévu et « des commissions sont installées dans les trois wilayas pour s’occuper de la chose au cas par cas ». Quant à la question relative aux indus élus, le représentant des archs dira tout simplement que « le mouvement est confiant quant à l’application de cette incidence ».

La mise en œuvre : « Une question de temps ». Le porte-parole de la délégation du Mouvement citoyen a fait un exposé exhaustif des chapitres de la plate-forme d’El Kseur déjà réglés ou en cours d’application, même si, du moins pour le moment, il n’y a aucun accord signé entre les deux parties. Néanmoins, Abrika tire sa satisfaction de fait que « certains points connaissent déjà un début d’application ». Pour preuve, le conférencier a donné le point lié au « jugement par les tribunaux civils des policiers et gendarmes rendus coupables de crimes ». Selon Abrika, certains dossiers « enterrés depuis 2001 sont déjà rouverts ». Il a invité d’ailleurs les victimes qui n’ont pas encore déposé plainte et leurs parents « à le faire pour permettre aux tribunaux de faire leur travail. » Bélaïd Abrika a également annoncé que les archs et le gouvernement sont arrivés à un accord sur la prise en charge des blessés, la réinsertion sociale des personnes qui ont perdu leur emploi, la réparation des dégâts matériels causés par les évènements du Printemps noir ainsi que la protection des témoins de ces incidents. Il y a cependant un détail important signalé par le conférencier.Il concerne en effet l’augmentation de la pension allouée par l’Etat aux victimes du Printemps noir. Mieux, le délégué du quartier Les Genêts de Tizi-Ouzou a affirmé que la somme de 1 000 000 de dinars que les autorités avaient versée en 2002 comme indemnités « ne seront pas comptabilisés cette fois-ci ». Autrement dit, la distribution des pensions sera revue et que les deux parties vont établir des listes approfondies à cet effet.

Le dossier socioéconomique : « Il ne reste que l’allocation chômage ». Contrairement aux dossiers des blessés, Bélaïd Abrika s’est contenté de présenter des généralités sur le chapitre économique qui a fait objet de larges commentaires dans le document de mise en œuvre présenté par le Mouvement citoyen. En plus de son caractère générique, l’exposé présenté par Abrika rejoint dans son immense majorité les idées du plan de consolidation de la relance économique annoncé par le président de la République. Il en est de même pour le point relatif à la réforme du système éducatif qui converge dans sa profondeur avec les conclusions de la commission Benzaghou. Est-ce le fait du hasard ? Le conférencier se contentera de dire : « Tant mieux si ses propositions vont dans le sens de la modernité et de la démocratie ». On retrouve en effet dans ce chapitre un plan spécial pour permettre à la région de Kabylie de « se mettre au même niveau de développement que les autres régions du pays », l’augmentation des budgets alloué aux APC pour « leur permettre de répondre au mieux aux besoins des citoyens » en plus des « avantages fiscaux pour l’agriculture de montagne » et « la levée des contraintes administratives aux investisseurs de la région ». Il reste cependant à s’entendre sur la revendication ayant trait à la pension chômage que l’Etat versera « à tout chômeur demandeur d’emploi à hauteur de 50% du SNMG » qui reste toujours en discussion.

Chapitre III :  » Encore en discussion « .Ceux qui ont attendu des avancées concernant le fameux chapitre trois du document de mise en œuvre de la plate-forme d’El Kseur relatif aux revendications politique et historiques sont revenus bredouilles. Et pour cause, le porte-parole de la délégation du Mouvement citoyen a fait savoir que le dossier n’est pas encore abordé avec profondeur et les deux parties « se sont contentées de survoler quelques points ». Mais d’après ses propos, le gouvernement a répondu à l’essentiel des revendications contenues dans ce chapitre (voir encadré) hormis la lancinante question de l’officialisation de tamazight sur lequel « il n’y aura pas de référendum.  » Mais les deux parties  » tentent de trouver une solution médiane ». Pour ce qui est des brigades de gendarmerie, Bélaïd Abrika dira que « l’Etat s’est engagé à prendre en charge cette question dans le cadre de ses missions sécuritaires ». A rappeler enfin que les délégués du Mouvement citoyen organisent aujourd’hui un meeting à Tizi-Ouzou pour expliquer aux citoyens les contenus des négociations en cours.

Ali Boukhlef

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