Idir Mesbou, un artiste de 27 ans, est animé d’une dévorante passion pour la peinture. Son lieu de travail n’a rien des Grands-Augustins du célèbre Picasso, mais n’en constitue pas moins un univers subliminal où se croisent et s’enchevêtrent des couleurs, des tons et des effluves. « Je tente d’illustrer, par la peinture, un intérieur insaisissable et fatidique, formaté par des années de doutes et de questionnements sur une vie qui m’a donné du fil à retordre et une dure réalité faite d’amertume, de désarroi et d’ambitions contrariées », commente l’artiste. Sa collection décline une galerie de peintures éclectiques, singulières et déroutantes à la fois. Réalisée dans un symbolisme profond, « Vague à l’âme » traduit l’élégance d’un dandy mal rasé versant dans une négligence hirsute. Les traits et les couleurs du visage trahissent l’existence torturée d’un homme, pris dans les rets de l’infortune. « Ruine et solitude » met en scène des murs lézardés, parcourus d’une nuée de taches sombres et au dessus desquels se détache en filigrane, un mausolée délabré. Plus loin, un autre tableau d’un abstrait très incisif, dévoile une fille prostrée, front perlé de sueurs et yeux embués de larmes.
Dans un autre registre, Idir Mesbou a peint des tableaux qui véhiculent les valeurs ancestrales authentiques. Celles qui, après avoir survécu aux vicissitudes des invasions successives, demeurent toujours aussi vivaces. « Le retour à l’authenticité est un ressourcement salutaire qui aide à se recentrer pour mieux rebondir. Il apporte une lueur d’espoir qui permet d’appréhender l’avenir avec sérénité et confiance », explique notre artiste. Certains tableaux donnent à voir, dans un univers harmonieux et coloré des chemins escarpés. Ils sont, tantôt sinueux, tantôt linéaires, mais ils conduisent inexorablement vers un sommet inondé de lumière…
N. Maouche