Bouteflika appelle à réagir face au désastre des pays africains

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Le parterre de participants était composé d’experts africains et internationaux de la question du développement, des représentants d’Organisations non gouvernementales (ONG), des responsables des Conseils économiques et sociaux africains et leurs homologues français, chinois et brésiliens. En l’absence du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui devait donner le coup d’envoi officiel des travaux de cette table ronde, c’est le ministre de la Justice et garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, qui a lu le discours du chef de l’Etat. Dans l’essentiel de son allocution, le président de la République soulignera la nécessité urgente de prendre en charge les questions sociales et de développement humain dans le monde, telles que formulées dans la Déclaration du millénaire, notamment après le constat d’échec dressé par la réunion plénière de l’Assemblée générale des Nations unies, en septembre dernier. Pour les pays en voie de développement et notamment africains, le chef de l’Etat soutiendra qu’il s’agit de réduire les contraintes qui pèsent sur leur développement économique et d’améliorer les conditions de prise en charge des besoins sociaux par une meilleure utilisation de nos ressources. Ainsi, dans cette optique, il sera, notera le président de la République, de « lutter contre l’économie informelle qui neutralise tout effort de productivité et de créativité ». De même, énonce-t-il, « devrait-on mettre en garde contre l’aide alimentaire qui sape dramatiquement les fondements de l’économie vivrière ». « Dans l’ordre mondial actuel, la situation des populations pauvres ne cesse d’empirer, alors que l’on sait par ailleurs que 1/5 de la population mondiale bénéficie de 85% des richesses de la planète », souligne le Président Bouteflika. Et d’enchaîner : « Si nous voulons introduire un peu plus d’humanité dans notre monde et le débarrasser des scories d’une globalisation mue par les seules logiques mercantiles, il nous sera nécessaire de donner aux relations internationales une nouvelle architecture, davantage basée sur une trame multipolaire et délibérément équitable et inclusive ». Pour le premier magistrat du pays, le bilan du premier tronçon quinquennal du millénaire « n’est pas reluisant ». Il traduit à ses yeux, « l’incapacité de la communauté internationale à régler des problèmes où l’argument financier n’est pas le seul à prendre en compte ». Car, selon lui, plusieurs lignes de rupture existent entre les instruments de l’aide internationale, les bénéficiaires des programmes, les pouvoirs publics et les organes d’encadrement, sans compter les systèmes sociaux de représentation. « Il existe également de nombreuses superpositions de pouvoir qui empêchent la fluidité des dispositifs d’acheminement de l’aide et ceux de la prise en charge réelle des besoins », estimera-t-il. A propos de l’Algérie, Bouteflika indiquera aux participants de la table ronde que le pays s’est engagé dans la voie de l’ouverture et de transparence et de bonne gouvernance, avec comme objectifs généraux, l’ambition de réduire la pauvreté et de promouvoir le développement humain ainsi que le développement durable, en « actualisant profondément nos méthodes de gouvernance tant politique et institutionnelles qu’économiques et sociales ». Pour atteindre les objectifs du millénaire en matière de développement, la communauté mondiale a besoin, selon les estimations internationales, dira Bouteflika, d’un minimum de 100 milliards USD par an. Or, estime-t-il, malgré la décision du sommet de Glen Eagles d’effacer la dette des pays pauvres, les moyens financiers mobilisés couvrent à peine les besoins. Bouteflika fera également remarquer que l’aide publique au développement stagne ou recule, d’où, selon lui, la quête impérative de ressources supplémentaires. « Nos problèmes commerciaux sont aussi pesants que nos contraintes financières, comme en témoignent les difficultés que rencontre la mise en œuvre du cycle de Doha », a-t-il encore relevé. Le président de la République soulignera que « le droit commercial commandera toutes les autres normes », tant que, selon lui, l’OMC demeure la seule organisation internationale dotée de règles contraignantes. Conséquence de cet état de fait, selon Bouteflika : « Les droits sociaux, environnementaux et humains sont alors perçus, au mieux, comme des contraintes négociables et, au pire, comme des entraves à la libre circulation des biens marchands ».La solution au problème viendrait selon lui de l’assurance « d’une régulation mondiale qui ne soit pas la simple expression de la seule facilitation des échanges et des transactions internationales sans référence aux principes universels de solidarité ». »Aux taxes douanières, déplore le Président algérien, s’ajoutent les obstacles non tarifaires représentés par les quotas, normes et règlements imposés et les restrictions sanitaires et techniques qui complètent les dispositifs protectionnistes, offrant bien peu de possibilités pour une hypothétique intégration de nos pays à la mondialisation des échanges ». « Il est important de réagir face au désastre qui frappe un nombre important de pays dont l’écrasante majorité se trouve en Afrique », a-t-il préconisé. Et d’ajouter qu’ « il est essentiel d’investir davantage dans la connaissance des mécanismes de la violence sociale et de leurs implications sur la stabilité politique et la viabilité économique de nos sociétés ».

Elias Ben

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