Le projet de l’ouverture de la chaîne amazighe initié par l’ENTV en octobre 2004 est bouclé dans sa première phase. Son lancement se fera prochainement et elle diffusera de 15h45 à 22h05 des programmes dans les cinq variantes de la langue amazighe (kabyle, chaoui, mozabite, tergui et chenoui).C’est en somme ce qu’a déclaré hier le directeur du projet, Saïd lamrani, invité de la journée d’étude qu’a organisée le Haut-commissariat à l’amazighité (HCA) sous le thème de « Tamazight à la télévision » au centre des loisirs scientifiques d’Alger.M. Lamrani a d’emblée tenu à mettre les choses au point et apporter les précisions nécessaires. Il expliquera que cette chaîne est un démembrement de la chaîne-mère, et est donc soumise au même cahier des charges. Son espace de six heures sera affecté à l’information avec cinq billets dans les différents parlers, des émissions spécialisées (sportives, culturelles, éducatives), et des émissions de jeux et divertissement orientées vers le culturel.Il poursuivra que les fiches de production son prêtes et que tous les formats de programmes sont arrêtés afin d’être diffusés sur une chaîne de télévision de type généraliste.Concernant les objectifs assignés à cette chaîne, M. lamrani dira qu’elle œuvrera essentiellement pour la réhabilitation la promotion et la consolidation de la culture, et identité amazighes. Elle aura une démarche rassembleuse et fédératrice et transmettra les messages de l’Etat et des institutions.Sur le volet financier TVAM emploiera les moyens techniques de la télévision nationale et négociera des partenariats avec les producteurs privés. Pour le budget, Khelifi Mustapha, écrivain et ancien directeur de Canal Algérie affirmera que bien que le mode de gestion consacré dans le code de l’information de 1990, ne permet pas une ouverture souhaitée, la chaîne amazighe contrairement aux deux chaînes dérivées de l’ENTV qui ne sont que des clones alimentés par la chaîne mère, la RVAM aura son budget et on est en train de négocier avec le ministère des Finances. »Le mérite est qu’elle soit le fruit de négociations et une réponse aux requêtes des citoyens », ajoutera-t-il.Le point qui a focalisé tous les débats est le caractère qui sera utilisé dans les génériques, quand on sait que cela représente le point épineux sur lequel bute l’écriture de la langue amazighe, même si la majorité des chercheurs ont opté pour les caractères latins, d’autant plus que le gros de l’archive et du patrimoine berbère est transcrit dans ces caractères.M. Lamrani indiquera que pour les génériques déjà fin prêts, il a été procédé à l’utilisation des caractères latins, arabes et tifinaghs en attendant que les spécialistes prennent en main ce point et le soin leur est laissé de trancher sur la question.Quand au sous-titrage des programmes en langue amazighe le directeur du projet de la TVAM déclarera explicitement que c’est une chaîne berbère, adressée à toute l’Algérie, et la tranche horaire sera partagée équitablement sur les cinq variantes. Donc, les programmes amazighs ne seront pas sous-titrés.Même si très peu d ‘informations sont filtrées tout au long de cette journée, sur cette chaîne de télévision et la date de lancement n’a pas été divulguée laissant ainsi les citoyens sur leur soif. M. Lamrani soutiendra que cette rencontre est une occasion d’échanger des points de vue sur cette chaîne qui constitue un point sensible en raison de son étroite relation avec l’identité.Il considère que cet acquis arraché après un long combat contribuera à réparer une bêtise commise contre l’humanité et traduira ainsi l’hymne à la vie et à l’espoir, tout en estimant que cela est «un travail de restitution de notre mémoire et le meilleur rempart pour faire face à l’informatisation».Pour rappel, l’introduction de langue amazigh dans les systèmes de communication était l’une des missions du domaine d’intervention du HCA fixé par le décret 95/147 du 27 mai 1995 dans l’article 4. Depuis le HCA a multiplié les séminaires sur tamazight dans la communication, particulièrement la rencontre des 3 et 4 juin 1998 qui a ciblé la presse écrite, la radio et la télévision, avec la collaboration des professionnels du secteur public et ou privé. Les recommandations ont porté, entre autres sur la dotation de moyens humains et l’élaboration d’un lexique harmonisé de communication à même de permettre l’intercompréhension entre les locuteurs des différentes variantes.La démarche du HCA a ainsi abouti en février 2002 à la mise en place d’ateliers mixtes HCA et ministère de la Culture et de la Communication, dont le groupe de travail appelé «Modalités de promotion de tamazight dans la communication» afin d’étudier les processus de mise en œuvre de l’utilisation de tamazight à la TV, dans ses dimensions linguistiques, historiques, civilisationelles. Pour ce faire, l’ENTV a lancé le projet en octobre 2004.
H. Haye