La tournée des popotes

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Par Anouar Rouchi

– Allô ? Monsieur Rabah Kebir ? Bonjour. Ici Djamel dit “l’horloger” du périodique Le Midi à 14h. Puis-je vous poser quelques questions ?

– Bonjour Si Djamel. Je vous écoute

– Depuis que vous êtes rentré de votre exil allemand, vous n’arrêtez pas d’attirer l’attention sur vous. Cela relève-t-il d’une stratégie dûment étudiée ?

– Demandez-le à vos confrères de la presse. Ce sont eux qui s’emparent de mes moindres faits et gestes pour les étaler à la une de leurs journaux. Pour ma part, je ne fais rien que de normal.

– Vous avez déclaré œuvrer à la création d’un parti politique.

– Vos amis de l’ex-FIS vous ont mis en garde contre cette initiative sur un ton quelque peu menaçant. Et le ministre délégué aux Collectivités locales a déclaré que vous n’aurez jamais d’agrément. Qu’en pensez-vous ?

– N’étant pas concernés par mon projet je ne vois pas en quoi ça regarde ceux que vous appelez “mes amis de l’ex-FIS”. Ils feraient bien d’ailleurs de consentir quelquess efforts d’adaptation. Nous ne sommes plus dans les années 90. Quant au ministre délégué, vous savez on est là aujourd’hui, on n’y est plus demain.

– Les terroristes récalcitrants que vous avez appelé à déposer les armes redoublent de férocité. Ne pensez-vous pas que c’est un désaveu ?

– En aucun cas. Qu’ils se rendent ou qu’ils continuent le combat, ils sont toujours, comment dirais-je…

– Voulez-vous dire que vous ne les désapprouvez pas ?

– Ce n’est pas vraiment ça. Mais changeons de sujet…

– Vous avez inscrit plusieurs personnalités politiques sur votre carnet de rendez-vous et vous en avez rencontré quelques-unes.

– Comment cela s’est-il passé avec Louiza Hanoune ?

– Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais cette femme est une vraie bénédiction. Elle tient à mon projet de retour à la politique plus que moi-même.

– Comment expliquez-vous une telle attitude de la part d’une animatrice de l’extrême-gauche ?

– Je ne me l’explique pas. Je me contente de m’en féliciter.

– C’est tout de même drôle ! Vous avez aussi rencontré Aboudjerra Soltani…

– Cet homme est un visionnaire !

– Comment ça ? Il lit l’avenir ? Nous savions qu’il écrivait des amulettes mais de là à prédir l’avenir…

– Ce n’est pas de ça que je parle. Je veux dire qu’il a une stratégie politique d’une grande efficacité.

– Pour ne rien vous cacher, je suis persuadé que si nous avions eu la même stratégie dans les années 90, nous serions déjà en République islamique

– A-t-il tenté de vous recruter ?

– Je ne peux dévoiler le fond de notre entretien

Belkhadem aurait donné son accord pour vous recevoir…

– Tout à fait

– Et qu’attendez-vous de votre rencontre avec lui ?

– Beaucoup de choses. Nous parlerons de l’avenir

– Y aurait-il un avenir commun envisageable ?

– Nous sommes tous de la même famille politique. Seule la méthode nous a séparés jusqu’ici. Tout est donc envisageable.

– Excluez-vous tout retour au parti unique ?

– Pour peu que ledit parti unique s’inspire de la philosophie islamique et prenne en charge nos revendications et nos objectifs, non seulement je ne l’exclue pas mais je l’encourage.

– C’est, on ne peut plus clair…Dans vos déplacements, vous êtes souvent flanqué de Madani Mezrag.Pourquoi ?

– Et pourquoi pas ? C’est un vrai symbole du djihad. Rien que sa présence à mes côtés dément toutes les accusations de trahison à mon égard. Et c’est la preuve vivante que les choses ont changé. Hier il était dans les maquis de Jijel. Aujourd’hui il est dans les couloirs du Sofitel et de l’Aurassi.

– Pourtant, le combat est le même …

– Je n’en pensais pas moins. Merci Monsieur Kebir

A.R.

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