Espaces verts et forêts récréatives à la rescousse

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Dans toutes les villes où s’est déplacé le Premier ministre depuis sa nomination à la tête de l’Exécutif, il n’a cessé d’en appeler à l’amélioration du cadre de vie du citoyen, et ce, par tous les moyens et ouvrages que permettent les règles modernes de l’urbanisme humanisé et de l’aménagement du territoire. 

L’Algérie continue à souffrir non seulement des constructions anarchiques, bidonvilles et taudis, mais également de la froideur des programmes de construction initiés par les pouvoirs publics. Aux décharges sauvages jonchant les boulevards et les places publiques, aux nuisances sonores et fumantes d’une circulation interminable, au déficit en infrastructures culturelles et sportives, se greffent la disparation de toute forme de verdure et de ce qui rappelle la vie. Au niveau mondial, et sous les climats tempérés où les habitants auraient moins besoin de verdure, la norme établie pour les espaces verts est de 10 mètres carrés par habitant. En Algérie, sous un climat majoritairement semi-aride dans les zones les plus habitées, ce taux descend parfois à moins d’un mètre carré par habitant. Il se trouve que même les jardins publics et les arbres d’alignement qui embellissaient les villes algériennes sous l’administration coloniale ont subi les coups de boutoir d’un développement anarchique des villes et des villages. La présence d’un patrimoine de verdure avait même été à l’origine du nom que portaient certaines villes ou villages à l’époque (Les Frênes [actuelle Raouaraoua à Bouira], Les Trembles [actuelle Si Hamadouche à Sidi Belabbsès]).

L’asphyxie des villes algériennes, particulièrement dans les quartiers nouvellement construits, est devenue une réalité criante. Les familles font parfois des centaines de kilomètre pour respirer une bouffée d’oxygène et  »écouter » le silence. Les enfants ne trouvent que la rue poussiéreuse ou boueuse pour jouer au ballon, se livrer à un jeu de carte ou tout simplement pour discuter. Les cybercafés font le plein, s’avèrent insuffisants pour contenir la masse de jeunes qui veulent se connecter, tout en sachant que l’internet ne remplace pas le plein air, la ballade, la sortie en famille. Les sorties que se permettent de temps en temps les familles sur des sites éloignés ont leurs contraintes et leurs inconvénients. Passer une demi-journée dans la voiture en aller-retour peut gâcher tout le délassement attendue d’une sortie. Les choses se compliquèrent naturellement avec la surpopulation des villes qui a fait suite à l’exode rural dicté par l’insécurité des années 1990. C’est ainsi que les pouvoirs publics, en plus des grands programmes de logement, conçurent des projets de ce qui appelé l’amélioration urbaine. Cette dernière notion suppose la confection des trottoirs, la réalisation des avaloirs, l’éclairage public, l’embellissement des rues et façades et la plantation des arbres d’alignement. Cependant, les arbres d’alignement, en dehors de leur aspect esthétique et d’ombrage, ne peuvent pas servir d’espace de détente vu leur forme longiligne et leur situation le long de grands boulevards animés de la grande circulation automobile. L’idée de réhabiliter les jardins publics et les vieux bosquets, et d’aménager d’autres espaces de récréation finira par s’imposer au milieu des années 2 000. Les villes qui disposent de forêts suburbaines sont tout indiquées pour mettre en valeur ces espaces au profit de la détente et de la récréation. À Oran (forêt de M’Sila), à Jijel (forêt de Guerrouche, commune d’Al Aouana), à Médéa (forêt de Benchicao), furent réalisés des projets d’aménagement de forêts récréatives qui reçoivent aujourd’hui des milliers de familles pendant le week-end, et même les jours de semaine. À Bouira, la forêt suburbaine d’Errich a été inscrite en 2010 pour un projet d’aménagement. Les travaux sont aujourd’hui à l’arrêt suite à un litige opposant le maître de l’ouvrage, à savoir le Conservation des Forêts, à l’entreprise de réalisation. La wilaya de Tizi Ouzou vient de se voir inscrire un projet d’aménagement de forêt récréative à Yakourène, sur financement PCD.  Ces deux projets ont été identifiés et choisis en raison de leur vocation naturelle et des activités de récréation qu’ils assurent avant même la conception de tout aménagement. Il s’agit donc d’accompagner les populations et les familles dans leurs destinations préférées, en y installant les équipements ludiques, récréatifs et de service. Il s’avère que le talon d’Achille de tels programmes c’est le choix du bureau d’études et de l’entreprise de réalisation; car, ce genre d’investissement constitue une innovation aussi bien pour nos structures administratives que pour  les partenaires économiques et techniques.          

Amar Naït Messaoud

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