Le pourrissement !

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C'est le blocage au niveau du centre foncier intercommunal (CFI) de Bouira!

Les travailleurs y sont en grève depuis plus de quarante jours, sans que cela n’interpelle les responsables locaux. Cette situation exaspère au plus haut point les citoyens désireux se faire délivrer des livrets fonciers, des négatifs pour postuler aux aides de logement de type rural, constitution de dossiers de logements, ainsi que pour le payement des loyers. Bref, c’est une institution hautement névralgique qui est à l’arrêt!

 

« On travaille dans des conditions inhumaines »

Pour rappel, les travailleurs de la conservation foncière ont enclenché leur mouvement de grève le 28 juillet dernier, afin de dénoncer les conditions « misérables » dans lesquelles ils travaillent. En effet, ces fonctionnaires affirment que leur siège, situé au niveau du quartier de l’Ecotec, est un  » trou à rats », pour reprendre leur expression. Ce bâtiment qui, pourtant faut-il le préciser, a été réceptionné en juillet 2012, se trouve, selon les protestataires, dans un état de vétusté avancée. « Les murs, déjà marqués par des fissures, sont complètement décrépits. Nos bureaux sont minuscules», nous a-t-on déclaré. Ajouter à cela, « l’absence d’aération et encore mois de système de climatisation. De plus, ce siège, partiellement en verre, est exposé au soleil. Les vitres en aluminium reflètent les rayons du soleil à l’intérieur des bureaux, ce qui fait grimper le thermomètre à des températures très élevées. » D’ailleurs, selon certains fonctionnaires, pendant la période des grandes chaleurs, leurs bureaux se sont carrément transformés en une véritable fournaise. Dans l’un des bureaux visités, nous avons constaté que certaines chaises tenaient grâce à du chatterton et que les bureaux étaient un assemblage rudimentaire de quelques planches posées l’une sur l’autre. Pis encore, le réseau d’assainissement de cette bâtisse, qui parait flambant neuve vue de l’extérieur, laisse franchement à désirer. Lors de notre présence sur les lieux, on s’est retrouvé face à une véritable inondation dans les WC. Certaines employées se sont retrouvées à faire les femmes de ménages, tenant une serpillière d’une main et un seau d’eau de l’autre.  » Vous voyez ce qu’on est en train d’endurer! Et avec cela, ils veulent qu’on poursuive le travail. Je n’appelle pas ça un travail, c’est plutôt l’esclavagisme! », nous lancera cette employée. Le matériel informatique a été également mentionné dans le registre des  » défaillances » relevées par le personnel gréviste. Le matériel serait, selon nos interlocuteurs, obsolète dans le meilleur des cas, ou carrément en panne. Bref, un état des lieux peu flatteur pour une institution aussi importante. Mais après près de 40 jours de débrayage, on pourrait croire que les autorités locales ont essayé de trouver une solution à cette paralysie. Et bien et à en croire les employés de ce centre, rien n’a été fait dans ce sens. « On fait l’objet d’un mépris manifesté de la part de notre direction locale, à savoir la direction des Domaines », nous a-t-on certifié. Avant de préciser que « ni le directeur des Domaines, ni aucun responsable n’a daigné venir s’enquérir de notre sort ». Le personnel gréviste a indiqué que «plusieurs correspondances ont été envoyées au ministère des Finances. Mais elles sont, toutes, restées lettres mortes ». Au vu de ce qui a été relaté il est clair que ce débrayage n’est pas prêt de prendre fin, au grand dam des citoyens.

«On ne dispose pas des crédits nécessaires»

Dans le but d’en savoir plus sur le sujet, attache a été prise avec le directeur des Domaines, M. Felioune. Ce dernier nous a indiqué que le problème de l’équipement ne concernait en rien son département. « Si ces employés avaient fait grève pour des motifs de non-paiement ou autre conditions salariales, il est de mon devoir d’intervenir. Toutefois, le personnel gréviste réclame une prise en charge technique. Cela n’est pas de mon ressort », a-t-il indiqué. Avant de préciser que sa direction a procédé au virement des salaires et que ceux du mois de septembre sont au niveau de la trésorerie. Interrogé sur les doléances des employés du CFI de Bouira, ce responsable nous a réorientés vers la direction de l’aménagement local (DAL). Au niveau de cette direction, nous avons pris langue avec son premier responsable, M. Kerbouche Kameleddine. Notre interlocuteur s’est dit ‘’étonné’’ d’apprendre que ce centre est toujours paralysé par ce mouvement de contestation. «  Franchement, cela me désole que ces employés pénalisent autant les citoyens pour de faux problèmes », a-t-il noté. Concernant les «défaillances» du réseau d’assainissement, ce responsable nous a appris qu’aucune correspondance, liée à ce sujet, n’a été transmise à son département. «S’il y a des anomalies au niveau du VRD, et bien je n’ai nullement été informé. De plus, lors de la réception provisoire, aucune anomalie n’a été relevée par les différents protagonistes (Domaines, BET et service utilisateur) », soulignera-t-il. A propos des supposés fissures, notre vis-à-vis nie catégoriquement leur existence et parle de ‘’détails’’. « Si à chaque fois qu’on remarque des boursouflures aux murs et qu’un peu de peinture est décollé on fait grève, le pays tout entier serait paralysé… Soyons sérieux ! ». A propos du mobilier et de la climatisation, le DAL de Bouira a estimé « grotesque » le fait que cette grève qui s’éternise porte sur ce qu’il a qualifié de « futilités ». « Bloquer une administration aussi sensible pour un problème de mobiliers ou bien de climatisation et de rideaux, je trouve cela un peu exagéré ». Interpellé par rapport au terme de « mépris » utilisés par les grévistes, M. Kerbouche s’est empressé de nous montrer une correspondance adressée au ministère des Finances et la réponse de ce dernier. Ces lettres indiquent clairement que les autorités de la wilaya ont saisi le département concerné et ils attendent les fonds nécessaires, afin d’entamer les travaux complémentaires. « Vous appelez cela du mépris ? », s’est-il interrogé. Avant de nous informer que les entreprises chargées de la réalisation des travaux ont été déjà choisies et qu’il attend juste les crédits nécessaires pour leur entame. Enfin, notre interlocuteur a appelé les employés du CFI de Bouira à faire preuve de «sagesse» en reprenant le travail dans les plus brefs délais, afin de ne pas pénaliser davantage les citoyens.

Ramdane B.

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