Ferhat Oumalou, le précurseur des retransmissions radiophoniques des matchs de foot

Partager

Par Abdennour Abdesselam

Dans les premières années d’indépendance, le seul et l’unique correspondant de la radio chaine deux, depuis la wilaya de Kabylie (avant sa fragmentation), était Ferhat Oumalou de son vrai nom Khali Ferhat. Il retransmettait tous les matchs de la glorieuse J.S.K en même temps que des bulletins d’information générale. Mais Ferhat avait excellé avec ses téchniques langagières pour jouer le lien sur les ondes radiophoniques. Ce qui caractérisait ses interventions était son talent oratoire et surtout l’usage intelligent de la langue kabyle qui, de ce temps là était restreinte à rendre les grands genres de communication. Elle qui ne se faisait qu’au contact des métiers. Ainsi, Ferhat Oumalou utilisait les nombreuses formules et formulations disponibles dans le quotidien direct, mais soudain il en faisait jaillir de véritables techniques de communication. Le langage, qui naguère ne s’entendait que dans les marchés occasionnels et les échanges simplistes, devient une science de la parole. Le reporter en tirait la plus grande substance sémantique pour la coller au langage des images verbales que seul lui savait construire la composition. Presque pour chaque nom des joueurs de l’époque, à l’exemple de Amar Haouchine, Zeghdoud, Terzi, Ouahabi, Karamani, Derdar, Hamouten, El Kolli et autres jeunes lumières entre autres Koufi, Ferhat les assimilait à des forces et symboles de la nature. Rivés à leurs transistors, les citoyens semblaient plus voir les matchs que seulement les écouter. Il faut également signaler la complicité particulière avec laquelle les animateurs tandem restaient dans les studios de la radio Chaine II et que furent les Abdelkader, Belkacem et Boukhalfa pour que se réalisa, enfin, ce couplage de la retransmission presque magique. Même les bulletins d’informations d’ordre politique étaient habilement commentés par Ferhat Oumalou qui ne manquait pas d’user des nombreux détours métaphoriques pour dénoncer discrètement ce que subissait la Kabylie comme restrictions budgétaires et autre laisser-aller en matière de développement social et économique dans ces folles années 60 où l’identité berbère était alors considérée comme une infraction. Ferhat Ouamalou était ainsi poète à ses heures. Un hommage lui a été rendu jeudi 29 août à Larbâa Nait Iraten en même temps que l’infatigable militant de la cause berbère dans l’émigration en la personne de Dda Remdane Haifi plus connu sous le nom de Remdane Amazigh décédé tragiquement dans son établissement « Ighouraf Imazighen » à Paris.

A. A.

Partager