La production de figues en chute libre

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La récolte de figues dans la vallée de la Soummam marque progressivement le pas. 

Le déclin de la production, amorcé voilà plus d’une décennie, se poursuit inexorablement. Sous l’action conjuguée d’une sécheresse persistante et des incendies à répétition, les vergers se rétrécissent comme peau de chagrin. Même dans la commune de Béni Maouche, fief de la figue, s’il en est l’état des lieux n’incite guère à l’optimisme. « J’ai perdu en l’espace de quelques années seulement, près de 60% du volume de ma production. Même la qualité du fruit, me semble-t-il, n’est plus ce qu’il était », dira sur une pointe d’amertume, un paysan de Trouna, l’un des rares à continuer à se battre stoïquement pour entretenir son verger. Un autre fellah du village Tala Tinzer estime que chaque saison apporte son pesant d’aléas avec lesquels il faut composer pour sauvegarder son verger. « Quand vous êtes épargnés par le feu de forêt, il y a soit la sécheresse ou une maladie qui s’invite pour tirer la production vers le bas », nous explique-t-il.

Dans la commune d’Ath M’likèche, sur les hauteurs de Tazmalt, la production de ce fruit du terroir est tombée au plus bas, nous signale-t-on. Dans certaines localités, des propriétaires des vergers ont essuyé une véritable déconvenue. D’aucuns, rapporte-t-on, ont dû se résoudre à se passer de ces baies succulentes en désapprenant la saveur. « La conduite d’un verger suppose le travail du sol, la taille périodique et un apport d’eau en quantité suffisante. Or, dans notre contrée, c’est loin d’être le cas, d’où les rendements maigrichons qu’on enregistre », souligne un citoyen du village Taghalat, propriétaire d’un verger légué par ses parents. « Les jeunes d’aujourd’hui ne prennent plus la peine de s’investir dans cette filière. Leur rêve est de faire carrière dans le commerce ou les nouvelles technologies, c’est tellement plus rentable et valorisant », ajoute-t-il pour expliquer que le figuier soit tombé en déshérence.Cette désaffection est également mise en exergue par un citoyen d’Ouzellaguen, selon lequel d’autres facteurs interférent comme l’impasse faite sur la pollinisation par le caprifiguier, un spécimen en voie de disparition. Il en a résulté d’après lui, un fort taux d’avortement des fruits avec à la clé une récolte dérisoire. « Aucune perspective de relance de la filière n’est possible si on ne commence pas par réhabiliter les pratiques d’antan », tranche notre interlocuteur. Un avis, du reste, unanimement partagé par des fellahs bien ferrés sur cette activité.

N. Maouche.

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