Tizi-Ouzou, wilaya la plus sale du pays

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La wilaya de Tizi-Ouzou produit une quantité de déchets urbains estimée à plus de 300 mille tonnes par an.

C‘est ce qu’a indiqué hier, une enseignante chercheuse au département des Sciences de la terre à l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, Mme. Izri Dahbia, qui précise par la même occasion que Tizi-Ouzou est classée première à l’échelle nationale des wilayas les plus sales. L’information a été rapportée lors du séminaire sur les déchets, leur recyclage et valorisation, initié par l’association pour la jeunesse innovatrice et l’environnement (AJIE). Le séminaire sur le recyclage et la valorisation des déchets, qui s‘est tenu, hier, dans l’hémicycle Aïssat Rabah de l’assemblée populaire de wilaya, fut une autre occasion pour les participants de rappeler la nécessité d’une implication générale de la part des différentes autorités d’un côté et de celle de la population de l’autre. Le wali, M. Abdelkader Bouazghi, qui a pris part à l’ouverture de cette rencontre, a mis l’accent sur cette « situation parfois alarmante qui menace l’environnement et qui constitue une problématique préoccupante dans la wilaya de Tizi-Ouzou » et qui n’est autre que la prolifération des déchets en tous genres. Lors de son allocution d’ouverture, il a souligné le rôle prépondérant des «vecteurs tels les communes, administrations, entreprises et associations, qui doivent jouer un rôle important dans la prise en charge et la réalisation du programme lié à la gestion des déchets ». Pour citer quelques actions entreprises par les pouvoirs publics au niveau de la wilaya, le wali citera « 48 études de schémas directeurs de gestion de déchets ménagers, dont 7 approuvés et 10 en cours d’approbation ». Le wali enchaînera par d’autre projets qui sont « 7 centres d’enfouissement technique (CET), dont trois (3) sont opérationnels, un (1) en cours de réalisation à Boghni et trois (3) autres font l’objet d’opposition ». Des CET qui serviront à canaliser les ordures ménagères de « 50 communes sur les 67 que compte la wilaya », a précisé le premier magistrat de la wilaya. M. Bouazgui soulignera aussi l’existence de « 14 décharges contrôlées et/ou surveillées, dont certaines sont en exploitation et d’autres en cours de réalisation, 01 centre de tri de déchets ménagers en cours d’étude de réalisation à Oued Fali et 01 incinérateur dont l’appel pour étude est lancé ». De son côté le président de l’assemblée populaire de wilaya, M. Haroun Hocine, invitera à encourager les jeunes de la région à investir dans le domaine du recyclage et de la gestion des déchets, à travers notamment le dispositif de l’Ansej. Le P/APW déclarera par ailleurs l’implication de l’assemblée dans cette prise de conscience concernant l’environnement. Il rappellera que les prix Aïssat Rabah pour la commune et les deux villages les plus propres seront décernés le 13 octobre prochain.  La wilaya de Tizi-Ouzou souffre de ses ordures. Des quantités d’ordures importantes estimées à plus de 300 000 tonnes/an d’ordures urbaines. Des chiffres dont a fait part la première intervenante lors du séminaire, Mme. Izri Dahbia, enseignante chercheur au département des sciences de la terre à l’université de Tizi-Ouzou. L’oratrice enchaînera en disant que ce chiffre représente une quantité individuelle de 0,74 kg/j pour un citadin et 0,50 kg/j pour un villageois. Mme Izri expliquera lors de son intervention que ces déchets se retrouvent en grande partie en pleine nature, créant ainsi des décharges sauvages.

0,74 kg par jour de déchets générés par un citadin et 0,50 kg par un villageois

Et c’est là un des énormes problèmes environnementaux auxquels fait face la région. En effet, la wilaya de Tizi-Ouzou compte actuellement 1 500 décharges sauvages qui occupent une superficie de pas moins de 74 ha, selon la même source. La spécialiste soulignera par la suite que plus de 23% de ces déchets sont susceptibles d’être revalorisés. Ce qui représente plus de 70 mille tonnes/ an, dont 25% sont des matières d’emballage et 60% des matières organiques. Une autre catégorie de déchets soulève la détresse et l’inquiétude à cause de son impact négatif, non seulement sur l’environnement, mais aussi sur la santé de la population. Il s’agit des déchets hospitaliers dont l’élimination se fait par incinération. Mais cette incinération est souvent défectueuse pour «cause de panne» relève-t-on. Les quantités de déchets générées par les établissements hospitaliers ne sont nullement minimes. Elles sont estimées par l’enseignante à plus de 6 t/j pour 3 708 lits qu’elle a définis comme étant ceux de 10 hôpitaux, 31 maternités, 268 salles de soins, 57 polycliniques, 14 laboratoires et 211 cliniques. L’environnement est également agressé annuellement, par plus de 525 000 tonnes de déchets industriels ainsi qu’une énorme quantité de déchets inertes issus du bâtiment et de carcasse de voitures hors d’usage. Pour bien illustrer la situation catastrophique que subit l’environnement dans la wilaya de Tizi-Ouzou, Mme. Izri a fait part d’une étude récente réalisée par la gendarmerie nationale. La wilaya de Tizi-Ouzou occupe la première place au niveau nationale dans sinistre classement des wilayas «les plus sales». Abondant dans ce même sens, elle affirme que les premières conclusions de cette enquête, menée par plusieurs équipes régionales durant le premier semestre de l’année en cours, 15 wilayas croulent sous les ordures. « Un ‘’hit-parade’’ dont Tizi-Ouzou occupe la première place des wilayas les plus sales d’Algérie », dira-t-elle. La conférencière rapportera par la suite que sur les 2 260 décharges publiques que compte le pays, près de la moitié sont répertoriées au niveau de la wilaya, « soit 1 361 selon l’étude effectuée par la gendarmerie nationale, et 1 500 d’après nos recherches », soulignera-t-elle. Elle expliquera qu’ « avec 1,2 million d’habitants, répartis sur une superficie de 3 568 km2, Tizi-Ouzou abrite plus de la moitié des décharges sauvages du pays ». Dans la foulée, l’enseignante chercheuse au département des Sciences de la terre à l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou  précisera que ce phénomène de décharges sauvages est beaucoup plus présent dans les régions rurales : « Plus de 60% des décharges non autorisées se trouvent hors agglomération, dans des zones désertes, montagneuses, forestières ou même agricoles », dira-t-elle.

Tassadit. Ch.

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