Un concours dans la désolation !

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La faculté de médecine de Tizi-Ouzou s’apprête à oser une grande première cette année : Organiser pour elle-même son propre concours de résidanat.

Ces photos (comme celle de la une d’ailleurs), prises avant-hier, parlent d’elles même de l’état dans lequel sombre la faculté de médecine de l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou. Un état des lieux des plus déplorables qui ne devrait pas être masqué par le coucours de résidanat que la direction s’apprête enfin à lancer au moment ou l’examen est devenu un rituel à travers toutes les facultés du centre du pays.

«C’est une bonne chose ! », « Mon dieu qu’il était temps ! »… Ce sont là des réactions sous réserve de certains professeurs et étudiants qui attendent « pour voir » et qui ne sont pas forcément réjouis du reste de la situation qui prévaut au sein de leur faculté. Si au loin, tout paraît, en effet, clean avec insigne et emblème national flottant sur le mur extérieur de l’enceinte, à l’intérieur, le temps semble s’être arrêté. Le tableau est un vrai désastre. Le campus donne l’air d’une vielle bâtisse abandonnée. Sur le bâtiment principal, la peinture se décolle de partout. Plus de fronton. Ni de drapeau national ! Même pas en berne ! Dans la cour, quelques plaques rouillées, visiblement des restes de tableaux illisibles donnant l’air de dater de l’ère coloniale, accentuent la tristesse du décor déjà sensiblement amoché par des restes de feux allumés çà et là. Difficile à croire qu’on est vraiment dans une faculté de médecine. On ne sent pas l’hygiène, Les herbes sont presque partout jaunes, sèches, quand elles ne sont pas brûlées. A travers, les mûrs dévastés par le temps et la négligence criarde il n’y a que les climatiseurs qui semblent nouvellement installés. Tout le reste est resté figé sous le poids des années. A l’intérieur des classes et amphis, depuis le temps, les tables n’ont pas changé. Ni les chaises. On est encore à l’ère de la craie. Mais cela paraît rien devant l’état général de certains blocs dédiés à la pédagogie. Des amphis et classes sensiblement dégradés, les lieux sont soit perforés par des fuites d’étanchéité soit envahis par les araignées qui ont pris possession des lieux. A certains blocs, on dirait qu’aucun agent de nettoyage n’a rodé dans les parages depuis belle lurette. Au laboratoire de Physiopathologie, du moins ce qu’il en reste, des plafonds sont arrachés, les mûrs affreusement défoncés, la tuyauterie en PVC d’évacuation des eaux usées pète de partout. Des fuites longent les parois. L’amiante menace de partout. Juste à l’entrée, les ronces agrippées à la cage d’escaliers vous donnent l’air de vous perdre dans une forêt sauvage ou partout ailleurs sauf dans une université. Encore moins dans une faculté de médecine. Quel massacre ! Quelle désolation ! Y a-t-il un responsable pour s’en soucier ? L’environnement semble subir un véritable carnage. Que de restes de feux…de camps. Des canettes noircies par le brasier jonchent encore le sol dévoré par les flammes. On brûle les ordures sur place. Et partout.  Au moins une dizaines de camps à travers le campus. Même le laboratoire, qui a pris feu il y a de cela plusieurs mois, est toujours en l’état. A défaut de le retaper, on semble avoir opté pour la solution la plus simple. Les accès fermés ne cachent pas pour autant la catastrophe intérieure : Des vitres cassées révèlent des restes de chaises entreposées de travers, des tables disloquées, des lavabos à terre… Difficile de déterminer la nature du carrelage qui a complètement changé de visage sous la gadoue des saletés. Mais le cadre n’a pas l’air d’effrayer les étudiants qui se sont habitués à la situation catastrophique qui dure dans leur faculté. Cette dernière témoigne parfaitement de l’immobilisme des responsables en charge de sa gestion. Chacun à son grade, même le recteur est coupable, au mieux de ne pas s’être imposé des virées périodiques pour s’enquérir de l’état des lieux, à travers l’université qu’il dirige, et au pire de savoir et avoir laissé pourrir…

S. Bénédine.

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