…Une aubaine pour les petites bourses à Béjaïa

Partager

Ne pouvant pas offrir des vêtements neufs à leur progéniture, les ménages aux salaires modestes, majoritaires dans la société se rabattent sur les articles de friperie, dont les magasins dans les villes et étals dans les marchés hebdomadaires, notamment d’Akbou, de Tazmalt, d’Aokas, de Sidi Aïch et d’Amizour, pullulent malgré l’interdiction de leur importation par les pouvoirs publics. En effet, un amendement à la loi des finances de 2012, interdit l’importation de la friperie au motif que celle-ci ne permet pas à l’industrie nationale de se développer, en plus du fait que les services compétents rencontrent d’énormes difficultés à contrôler, sur le plan sanitaire, ce type de marchandise. Malgré cette interdiction à travers les artères du chef-lieu et dans presque l’ensemble des communes de la wilaya, la friperie s’est développée et a imposé sa présence et son utilité. C’est, désormais, une activité au même titre que les autres, alors qu’il y a quelques années de cela, elle était une sorte de tabou dans la région. À l’époque, personne ne pouvait exhiber un habit de la « fripe » ni le dévoiler même ceux qui en possédaient, achetés par leurs parents de chez « Tati » en France. Hélas depuis quelques temps, la pauvreté a gagné beaucoup de terrain et a touché une grande frange de la population y compris celle que l’on considérait comme la classe moyenne. C’est ainsi que le marché du « chiffon » s’est frayé un chemin et s’est positionné en alternative aux pères de famille à chaque événement, tel que la rentrée scolaire ou les fêtes de l’Aïd, synonymes d’achat de nouveaux habits aux enfants. Ce n’es pas permis à n’importe qui d’acheter un jean à 2 000 DA et un pull à 1 200 DA pour chaque enfant, alors que les commerçants du chiffon les proposent à 600 et 200 DA. Un gain de 2 400 DA pour chaque enfant, de quoi vêtir ses trois autres frères.  C’est ainsi que raisonnent les pères de familles modestes. « Je ne peux plus acheter des habits neufs à mes trois enfants à chaque fête de l’Aïd ou rentrée scolaire. Ça coûte cher, donc je me rabats sur la fripe, où je dépense moins tout en satisfaisant mes enfants », dira Kamel, rencontré au marché hebdomadaire d’Aokas où sont présents une dizaine de revendeurs d’articles de friperie, dont quelques uns se sont même permis d’exposer leurs produits sur des cintres alors que les autres ont préféré les étaler sur des bâches parterre, laissant le soin aux clients de trier et de choisir. Les prix sont plus qu’abordables, il y en a pour toutes les bourses. Des pantalons en jean et en toile pour 500 à 800 DA, des pulls coûtant entre 100 et 300 DA, des chemises à 200 DA et même des chaussures dont les prix sont sensiblement plus élevés que les habits et dont la fourchette oscille entre 400 et 1 000 DA. De quoi satisfaire tout le monde à moindre coût. L’Aïd arrive à grandes enjambées et les pères de famille ne savent plus où donner de la tête tellement tout est cher. Non seulement le mouton est intouchable, mais il y a aussi les habits pour les enfants qui sont hors de prix. Ce qui explique en partie cette ruée vers les friperies.

A. Gana.

Partager