À cause de l’inexistence des moindres commodités, les habitants de Tigharmine, un petit village relevant de la commune d’Amalou, ont pour la plupart déserté leur village
pour s’installer, notamment, dans la ville d’Akbou.
Dans ce village, les insuffisances sont nombreuses, dont, entre autres, l’absence totale des moyens de transport, car ce bourg n’est pas desservi par les fourgons de la ligne Amalou-Akbou. Conséquence ? « Les habitants sont dans l’obligation de parcourir quelques kilomètres à pied, pour pouvoir prendre un fourgon», nous dit-on. De même, les projets de développement font défaut dans ce village, ce qui a poussé les villageois à se prendre en charge en laçant de louables initiatives afin d’améliorer leur quotidien. En effet, les habitants ont récemment lancé dans le cadre du volontariat, des travaux d’entretien et de nettoyage du cimetière du village. Ainsi, des opérations de désherbage dans l’enceinte et aux alentours du cimetière ont été accomplies par ces villageois ainsi que les accotements de la route longeant leur village. Des travaux de réhabilitation des trottoirs défoncés et l’entretien de la placette du village ont été aussi, menés par ces derniers. La placette du village, un lieu mythique, est un véritable symbole de l’exercice de la démocratie dans la société kabyle, où toute personne a le droit de parler et d’intervenir dans un cadre de respect mutuel. Ce lieu est, désormais, utilisé par les habitants du village pour régler les conflits internes et prospecter et lister les projets à réaliser. Par ailleurs, le fait marquant dans le village est la solidarité entre les villageois. Cette action est appelée communément « Thewiza ». Les habitants se réunissent pour réaliser un projet d’utilité publique ou aider un particulier dans ses travaux à titre gratuit. « Thewiza consiste à aider quelqu’un dans la réalisation de son projet ou dans les travaux, sans lui demander de contrepartie », nous dira Fateh, un habitant de Tigharmine. La solidarité s’élargit, notamment en période de la cueillette des olives, où des propriétaires d’oliveraies sont accompagnés dans la cueillette de leurs olives par les autres habitants. Le même geste est répété à la vielle de chaque fête de l’Aïd El Adha, en perpétuant le rituel de Lewziaâ, où des bœufs seront sacrifiés et la viande sera répartie d’une manière équitable entre les habitants du village. Récemment, la route principale du village a été retapée et une grande plaque de signalisation en quatre langues (tamazight, arabe, français et anglais) est installée à la rentrée du village, pour souhaiter la bienvenue aux visiteurs. Un second souffle a été donné au village, d’où le reste d’habitants de Tigharmine espèrent voir, un jour, leur village envahi par des touristes ou par ses anciens habitants, actuellement en diaspora à l’intérieur et même à l’extérieur du pays.
Keddouh Mohand Seghir

