L’ex-commandant de l’ALN et membre fondateur du FFS, Lakhdar Bouregâa, a animé, hier, une conférence au théâtre communal Salah Sadaoui de Bouira où il est longuement revenu sur les raisons et les circonstances de la création du plus vieux parti de l’opposition.
Invité par la fédération de Bouira, en ce 25ème anniversaire des événements du 5 octobre, le conférencier a, de prime abord, retracé quelques unes des étapes clefs de l’histoire du pays, en s’arrêtant sur l’épisode de la lutte armée pour la libération. A propos de celle-ci, il dira qu’«elle a certes amené à l’indépendance du pays, mais elle n’a pas pu réaliser un de ses plus importants objectifs, à savoir l’instauration de la démocratie. » Pour lui, c’est pour accomplir ce même objectif que le FFS a été créé. « La démocratie existait seulement en tant que slogan et le FFS a été le premier de par le monde arabe à appeler son instauration », a soutenu Bouregrâa avant de nuancer ses propos, un peu plus loin, en parlant des acquis de l’après indépendance sous Boumediene. « Il y a eu, bel et bien, des acquis et il faut le reconnaître. Mais on a payé le prix cher pour les arracher », a-t-il noté. Au détour d’une phrase, le conférencier évoquera le Front de Libération Nationale, et dira qu’Ait Ahmed est l’un de ses pères fondateurs. « Le FLN était jadis une locomotive parmi d’autres, mais il s’est, depuis, illégalement remarié. », a déclaré l’ex officier de l’ALN. Ce sujet l’a amené à évoquer un chapitre douloureux de l’histoire de l’Algérie post-indépendance, marqué par les déchirures et les divisions au sein de la première assemblée constituante. Un épisode qui a, selon lui, mis au goût du jour une divergence de points de vue entre les principaux chefs de la révolution. Ce qui a poussé bon nombre de militants à s’inscrire dans l’opposition en créant le FFS que dirigeait alors Ait Ahmed. A ce propos, le conférencier a tenu à rétablir certaines vérités en avouant que « les partisans d’Ait Ahmed ne voulaient jamais combattre leurs frères où retourner leurs armes contre les soldats de l’ANP. » « Les partisans du FFS étaient parmi les premiers à se rendre à la frontière marocaine pour repousser l’agression du pays voisin, mais hélas, Boumediene ne voulait plus d’eux au front », a-t-il fait remarquer. Pour lui, l’on a monté les algériens les uns contre les autres, en fomentant des complots qui ont fini par faire couler du sang. L’orateur se rappelle les rencontres des partisans d’Ait Ahmed avec Said Abid à Bordj Menaïel, l’arrestation du colonel Chaabani près de Beni Amrane ou encore l’entrevue entre Ait Ahmed et Ben Bella à la Villa Jolie. L’ex commandant de l’ALN racontera dans les détails ces faits historiques qu’il a vécus en tant que témoin, parfois même en tant qu’acteur clef. Revenant à des sujets plus brûlants de l’actualité Bouregâa a tenu à saluer la position du FFS qu’il qualifiera de nationaliste. Pour lui, il y a bel et bien un projet pour diviser les pays arabes et faire de ces derniers de petits Etats faibles. « D’ici 2025, plus aucun pays arabe n’égalera l’Etat d’Israël en termes de population, de soldats et de territoires », soutient le conférencier. Selon lui, l’Algérie a toujours été ciblée et elle le sera toujours. Interrogé par certains intervenants sur certaines questions d’actualité M. Bouregâaa a regretté le fait qu’un phénomène comme la corruption soit « démocratisé ». « L’affaire Sonatrach n’est pas une affaire de famille, mais une affaire nationale qui doit être débattue à l’assemblée », a-t-il lancé. Quant à savoir s’il existe une alternative à la situation actuelle du pays, le conférencier s’est contenté de dire que « ce n’est pas avec une constitution changeante qu’on garantira une stabilité pour le pays, mais avec une bonne loi fondamentale inscrite dans la durée ».
D. M.