L’humoriste Mouloud Amoura, alias Hrirouche, évoque à travers cet entretien son actualité et fait part de ses projets futurs.
La Dépêche de Kabylie : Tout le monde vous appelle Hrirouche, du nom du personnage que vous avez incarné sur le petit écran dans la série qui a fait un tabac pendant le Ramadhan.
Parlez nous du début de votre aventure artistique…
Mouloud Amoura : Il est vrai que le surnom de Hrirouche me colle à la peau, mais cela ne me dérange pas le moins du monde, bien au contraire, je suis ravi que ce personnage ait marqué les esprits. J’ai commencé mon aventure artistique, comme vous le dites, en 1993 avec l’association «Afara», qui signifie le progrès en Tamazight, avec une pièce de théâtre intitulée «L’Hara n’Dda El Bachir». Fin 2005, je suis entré à la radio nationale d’expression amazighe (chaîne II) où j’ai participé à diverses émissions humoristiques, entre autres «Douga douga», «Thin Thin, Aka Ith noukni», «Idan nar mazal», «Ali th’Ouali»…etc. J ai également fait le doublage de près de 14 films.
Comme tout bon comédien, vous avez fait votre baptême de feu sur les planches de théâtre, mais c’est sur le petit écran que le public vous a découvert et que votre talent à éclaté n’est-ce pas ?
Vous savez, le talent ne vient pas tout seul. J’ai eu l’immense privilège d’avoir fait un stage de marionnettiste avec El Hadj Salem Zidane, c’est lui qui a introduit le théâtre pour enfants d’expression amazighe à Tizi-Ouzou. J’ai fait des spectacles de marionnettes avec la troupe théâtrale «le pays des rêves» en France, avec, entre autres, un spectacle intitulé « Baba ay nouba ». J’ai également bénéficié d’une formation théâtrale sous la direction d’El Hadj Abdarahmane, dramaturge et homme de théâtre. Mes débuts à la télévision remontent à l’ouverture de TV4 en 2009. Ce canal m’a permis de toucher un public plus large et plus diversifié avec des sketchs comme «Kaki th si Rezki», «Chabane thi Ramdane» et «Hrirouche I et II». La télé m’a permis aussi de m’épanouir. Mais sinon j’adore toujours faire la scène. C’est plus vivant et magique de se retrouver devant le public. Durant le mois de Ramadhan, j’ai fait pas moins de 18 spectacles et sillonné pratiquement toutes les communes de kabylie.
Il est, hélas, de notoriété publique que les films d’expression kabyle, qui poussent comme des champignons ces derniers temps, sont pour la plupart de mauvaise qualité.
Qu’en pensez-vous ?
Je souhaite très sincèrement que les réalisateurs qui ne sont pas du métier s’abstiennent de faire des navets qui nuisent en premier lieu au cinéma et ridiculise les comédiens en second lieu. Il faut tirer la sonnette d’alarme. Il y a beaucoup trop de navets sur le marché. Il faut prendre exemple sur le jeu des acteurs et la technicité des films comme la montagne de Baya, Machahou ou l’opium et le bâton, ça c’est du vrai cinéma ! Ces productions, même anciennes, sont tellement superbement réalisées qu’on ne se lasse pas de les regarder. Je rends hommage à leurs réalisateurs. On veut du cinéma, du vrai, pas du bricolage ! Moi, personnellement, j’ai refusé beaucoup de rôles car ils sont tout bonnement nuls.
Quels sont vos projets ?
J’ai beaucoup de projets en tête, mais pour l’heure, je prépare un «One man show» intitulé «Enghoum !» qui veut dire en arabe dialectale «ferme-la !». Je le commencerai ici et je le finirai en France. Les sujets du monologue traiteront la situation sociopolitique du pays. On m’a également proposé de me produire au Canada le 20 avril prochain.
Votre mot de la fin…
J’adresse mes sincères remerciements à Mohamed Haddadi, réalisateur de Hrirouche I et II, à Mouloud Mebarki, réalisateur du feuilleton «Tinifift», à mon ami et partenaire dans plusieurs sketchs, notamment Ali Th Ouali, Mourad Daoud, à toute l’équipe de la boite de production Mirage, ainsi qu’à toute ma famille qui m’a soutenu et qui a cru en moi.
Karima Talis