Le Premier ministre au carrefour des grands choix

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Par Amar Naït Messaoud

Un an après la nomination des ses membres, le gouvernement a été remanié en septembre dernier, avec la création d’un ministère chargé de la Réforme administrative et la disparition du ministère délégué chargé de la Prospective et des Statistiques.  En dehors de la logique interne propre à l’administration gouvernementale, il n’apparaît pas de grands bouleversements dans la conduite des affaires publiques telles qu’elles sont menées sur le terrain. Autrement dit, l’image d’un Premier ministre faisant le tour des wilayas, prenant le pouls de la situation sociale et économique et apportant des compléments de financements pour les actions de développement local, est toujours là faisant fi des mauvaises langues qui parlent d’un ‘’marketing’’ politique. Il est vrai que les déplacements d’Abdelmalek Sellal dans les wilayas mobilisent un personnel important, dont plusieurs ministres, donnant l’impression de vouloir combler l’absence du Président de la République sur le terrain. Même s’il est amené à évoluer sur un terrain strictement politique, A. Sellal semble le faire d’une façon plus ou moins discrète, en tout cas sans grand fracas. Il en est ainsi du projet de révision de la Constitution qu’il avait confiée, en mars 2013, à une commission technique constituée de cinq membres. De même, à Ghardaïa, le Premier ministre, en plus des questions de développement, s’est senti le devoir de rebondir dans le champ politique en jouant à fond l’apaisement dans une région qui a souffert de divisions communautaires entretenues par des apprentis sorciers qui tirent les ficelles de loin. Sellal a rappelé samedi dernier dans la vallée du M’zab, des évidences qui ont fini par être malmenées par la chute aux enfers des valeurs de la citoyenneté et de la cohésion nationale telles que fixées par les idéaux de novembre 54.  «Tout algérien a sa place dans l’État algérien. Tous les Algériens y ont leur place. Nos ennemis, ce sont la pauvreté et la division‘’, dira le Premier ministre. C’est, sans aucun doute, l’une de ses visites les plus ‘’politiques’’, après celle effectuée à In Aménas et Tiguentourine, au lendemain de l’attaque terroriste de janvier 2013. C’est à Ghardaïa qu’il réitérera ce triptyque de l’identité algérienne: « islamité amazighité arabité », en ajoutant les valeurs de fraternité de tolérance et de solidarité incarnées par les populations mozabites. En dehors de cette ‘’halte politique’’, les déplacements du Premier ministre dans les différentes wilayas du pays portent toujours sur les grandes thématiques du développement, de la lutte contre le chômage, de l’amélioration du cadre de vie et du rehaussement du niveau et de la qualité des services publics. Il a même ‘’légitimé’’ tous les accès et les excès de colère des jeunes Algériens, tenaillés par le chômage, en les appelant à un peu plus de raison et de pondération. Partout où il est passé il a tenu, avec son staff ministériel, à s’informer des menus détails des nouvelles cités et nouvelles villes, axant ses remarques sur les questions de la centralité et des services publics à offrir aux habitants. Ce sont des comportements qui ont suscité beaucoup d’intérêt de la part des populations. Dans plusieurs régions du pays, Abdelmalek Sellal a tenu des propos rassurants, très optimistes, sans doute voire ingénument populaires.  Cela tranche radicalement avec l’ambiance de morosité et de ‘’nihilisme’’ systématique, développée par certaines rédactions et par des milieux partisans commentant l’actualité au lieu de la créer. Dans les circonstances politiques et sociales qui l’ont projeté au devant de l’actualité nationale, Sellal balance entre le technocrate qu’il était- un bon ministre des Ressources en eau- et l’homme politique appelé à driver et coordonner une équipe gouvernementale dans les moments les plus complexes de la vie de la nation. C’est là un destin que le concerné mène à sa façon, avec cet air primesautier, apparemment sans grand effort d’adaptation. La satire sociale a beau le railler ou le caricaturer, elle a beau diffuser sur internet des extraits ‘’croustillants’’ de ses discours ou déclarations, il demeure serein, continue son bonhomme de chemin. Il a juste été touché par l’excès de politisation de ses déplacements par ses détracteurs. Il les a «rassurés’’, il y a quelques semaines, en déclarant qu’il n’est candidat à aucune élection.

A. N. M.

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