La version kabyle de la pièce «Les mimosas d’Algérie», du théâtre régional Azeddine Medjoubi d’Annaba, a été jouée, jeudi dernier, sur les planches de Kateb Yacine de Tizi-Ouzou. Elle fut interprétée par les deux talentueuses comédiennes Djamila Bouanam et Nacira Ben Youcef. La version arabe quant à elle a été jouée, la veille, dans l’après-midi, par la grande actrice Aida Kechoud qui a notamment joué dans le célèbre feuilleton «Dar Sbitar» et l’autre comédienne, non moins talentueuse, Faten. Signalons que l’actrice Aida Kechoud était présente, jeudi, à la représentation kabyle, en compagnie des comédiens de l’atelier de théâtre de la maison de culture de Tizi-Ouzou et un public nombreux. Le réalisateur des deux versions, kabyle et arabe, Djamel Marir, nous précisera que cette pièce a été spécialement préparée pour le Cinquantenaire de l’indépendance nationale, en hommage à Fernand Iveton, le seul Européen guillotiné pour avoir pris position pour l’indépendance de l’Algérie. La générale de cette pièce, œuvre de Richard Marci, a été jouée, le 09 septembre dernier, au théâtre Azeddine Medjoubi d’Annaba. «A travers cette pièce, nous rendons hommage aux Européens qui ont pris part à la révolution algérienne, à côté de leurs frères Algériens», nous dira notre interlocuteur. Il ajoutera : «j’ai présidé le jury de la 12ème édition du festival du film amazigh, et c’est là que je me suis pris d’amour pour cette langue, très riche et très belle. Elle a une musicalité théâtrale. J’estime que le théâtre peut énormément contribuer à la promotion de Tamazight. Quant au contenu de la pièce, c’est l’histoire de Fernand Iveton, le seul Européen guillotiné pour l’exemple, le 11 février 1957, durant la bataille d’Alger, pour que vive l’Algérie indépendante. Les événements de la pièce se déroulent dans un milieu clos. Les décors sont macabres, d’une grande tristesse. La fille de Fernand Iveton (Christianne) débarque de Paris à l’âge de quarante ans, pour savoir la vérité sur la mort de son père. Une vérité qu’on lui cache depuis son enfance et qui l’empêche d’évoluer. Une fois à Alger, elle rencontre sa grand-mère qui vit entourée des fantômes de son fils qu’elle a perdu dans des conditions inhumaines. La jeune femme insiste tellement pour connaître la vérité sur la mort de son père que la grand mère cède et finit par tout lui avouer. La vérité était que son père est un ‘’juste’’, mort pour que vive son pays, le seul qu’il n’ait jamais connu, l’Algérie. Les fantômes qui hantaient la demeure de la vieille dame finissent par retrouver la paix est rejoignent le royaume des morts pour y demeurer à jamais. Le réalisateur de la pièce, M. Marir, nous apprendra qu’il était sur un autre projet théâtral : «Je suis actuellement en train de préparer un monologue qui relate l’histoire d’une femme enlevé et torturée par les terroristes. Il aura pour titre ‘’Le butin de guerre’’. J’en ferai trois versions, en arabe, en tamazight et en français. Nous ferons avec une tournée internationale, pour faire connaître au monde entier ce que les Algériens ont vécu durant la décennie noire. Le monologue sera prêt pour le premier trimestre de 2014».
Karima Talis
