Le village de Toghza, dans la commune de Chorfa, est connu pour ses vergers verdoyants et variés, depuis des lustres. Même si, aujourd’hui, ces superbes vergers se rétrécissent comme une peau de chagrin face à l’avancée inexorable du béton, il n’en demeure pas moins qu’ils sont encore travaillés et entretenus, car ils constituent une source importante de rente pour des dizaines de familles. Aidés par l’abondance de la ressource hydrique souterraine, dont dispose cette localité et qui constitue un privilège pour elle, les propriétaires des vergers de Toghza arrosent et irriguent généreusement toutes les variétés d’arbres fruitiers qui y sont implantés. Ainsi, on y trouve des figuiers, des abricotiers, des néfliers, des orangers et bien d’autres arbres fruitiers irrigués à l’eau douce des puits gorgés d’eau. Toutefois, s’il y a bien un arbre qui prédomine dans cette localité et qui lui a donné ses lettres de noblesse, c’est bel et bien le grenadier. En effet, il est quasi-impossible d’apercevoir un verger sans ce fameux arbre. À tel enseigne que Toghza est plus connu par son grenadier qu’autre chose ! Dans tous les jardins, les grenadiers sont présents avec force. Des lignées discontinues d’arbres sont visibles dans ces espaces verdoyants. La grenade de ce village est connue pour son excellente qualité gustative et sa chair moelleuse qui est, paradoxalement, « croustillante » sous la dent, en plus, elle est très succulente. D’ailleurs, c’est ce qui fait la différence avec les variétés des autres régions. À l’occasion, nous sommes en plein période de maturation des grenades et les habitants s’en donnent à cœur joie. C’est, aussi, la période propice à des jeunes chômeurs, notamment, d’amasser un bon pactole en en vendant, eu égard à la demande grandissante en ce fruit très prisé par les ménages. Tout compte fait, une dizaine d’étals de fortune ont vu le jour, depuis quelques semaines déjà sur les accotements de la RN26 qui passe par le village, tenus par des jeunes et moins jeunes qui proposent des grenades appétissantes. Agencées de façons à attirer la vue, surtout des automobilistes qui passent par ce tronçon, les grenades sont superposées en pyramides. Les prix vont dans la fourchette de 70 à 140 da/kg. Il est pris en compte dans ces tarifs, le volume et la qualité de la grenade. Des conducteurs s’arrêtent, souvent, pour acheter ces fruits vantés par les marchands comme étant irrigué à l’eau douce des puits de Toghza. Ce commerce de saison rapporte vraiment gros à ces marchands et leur permet de couvrir beaucoup de charges quotidiennes.
Y. Samir