Ces employés, au nombre de 301 ont décidé de débrayer et en filigrane geler toutes les activités de cette entreprise. Les raisons qui ont poussé ces protestataires à recourir à cette action “musclée” sont multiples à en croire leurs propos. De même, les demandeurs d’emploi qui se présentaient quotidiennement devant cette base ont, eux aussi, partie prenante dans ce conflit. Durant notre déplacement au lieu de la contestation, nous avons rencontré au niveau de l’entrée principale de ce chantier près d’une vingtaine de jeunes. Ces derniers, se rendant compte de l’objet de notre mission, se sont alors mis à nous livrer leurs inquiétudes de se voir enfin recrutés et les pratiques inadmissibles dont usent les responsables de l’entreprise dans les recrutements. En fait, d’après ces jeunes, la goutte qui a fait déborder le vase est l’histoire relative à la présence de certains ouvriers venus d’une région de l’Est du pays. Pour ces derniers, “pourquoi on fait venir des travailleurs de loin alors que nous sommes là pour assurer cette tâche ?” Puis, d’autres points noirs ont été signalés à l’image de ceux qui ont signé des contrats le 22 octobre dernier sans qu’on leur fasse appel à rejoindre le lieu de travail. Ajouter à cela la problématique des bulletins que délivre le bureau de main d’œuvre sis au chef-lieu de la wilaya que l’entreprise ne prend pas en compte parfois, et leurs exigences dans d’autres cas pour certains sans qu’une demande de recrutement du personnel ne soit adressée par cette société à ce bureau. Au cours de cette rencontre, et pour argumenter davantage leurs propos, un cas de “discrimination”, comme veut l’appeler ces jeunes, nous a été exposé. Il s’agit d’un ex-chef de chantier en fin de contrat de nous révéler ce qu’il a enduré dans cette base. Il déclare : “Ayant ramené un bulletin d’embauche du bureau de main-d’œuvre, ces responsables m’apprennent qu’ils n’ont pas besoin d’un poste de ce genre. Une semaine plus tard, ils ont fait appel à un chef de chantier venu d’ailleurs qu’ils n’ont pas gardé longtemps. J’ai pris alors mes fonctions en tant que responsable au ferraillage puis au coffrage avant d’être sévèrement sanctionné pour une histoire d’intérêt de l’entreprise que j’ai voulu préserver. Même la promesse du premier responsable du projet n’a pas été tenue à l’effet de revoir les sanctions dont j’ai fait l’objet et ont fait traîner le problème pour enfin me signifier que je suis en fin de contrat”. Ces jeunes nous ont montré des documents comme preuve tangible sur la nature des contrats qui ne sont en fait pas spécifiés. Et beaucoup d’autres anomalies nous ont été signalées par ces protestataires. Devant cet état de fait, et pour en savoir plus sur cette situation conflictuelle, nous avons tenté de rencontrer le directeur de l’entreprise. Ce dernier, qui n’était pas présent pour nous fournir des éclaircissements, nous avons été reçu par son adjoint qui nous a affirmé ne pas pouvoir se substituer à son supérieur hiérarchique. Deux jours plus tard, alors que la grève se poursuit, nous nous sommes rendus encore une fois sur ce même lieu. Notre tentative de rencontrer le directeur a été vaine pour le motif qu’il était en réunion à la wilaya. Là, nous avons rencontré les travailleurs en exercice qui ont déclenché cette grève. Ces derniers ont élaboré une plate-forme de revendications et refusent toute forme de dialogue avant la satisfaction de ces points. Les ouvriers réclament l’augmentation du salaire de base, une indemnité sur le salaire unique qui comprend l’IEP et la prime de risque, la prime de scolarité de 1 500 DA, l’augmentation sur la prime de panier et celle du déplacement. Dans un autre volet de revendication, ces derniers exigent l’arrêt de tout recrutement hors wilaya, la cessation des menaces de licenciement ainsi que les retenues sur salaire en guise de sanction. On note aussi dans leur réclamation l’annulation pure et simple des avertissements et doter tout le personnel ouvrier d’une tenue de travail avec souliers de sécurité. Les protestataires déplorent à travers cette motion les promesses non tenues du directeur du pôle concernant le virement du rappel sur le salaire de base depuis janvier de l’année en cours ainsi que la non-perception de la prime de nuit. En dernier lieu, il a été exigé la réintégration des travailleurs licenciés qui sont en nombre de deux. Comme il nous a été exposé le cas des 61 avertissements adressés aux ouvriers dont l’un deux était absent le jour où ses camarades ont “enfreint” la réglementation.Ayant constaté que leur mouvement de grève, qui dépasse pourtant une dizaine de jours, n’a pas réagi les hauts responsables de cette entreprise, ces protestataires, en compagnie du délégué du comité citoyen de la commune ont organisé un rassemblement devant le siège de la daïra. Une rencontre avec le responsable de cette institution fut alors improvisée. Ces derniers ont soumis à leur interlocuteur leurs préoccupations et lui apprirent les conditions dans lesquelles ils travaillent et le mauvais traitement dont ils font l’objet.Enfin, nous y reviendrons dans notre prochaine édition pour connaître la version des faits de l’administration de cette entreprise.
M. Smaïl
