Comment se débarrasser de l’«horrible spectacle» ?

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Les états généraux sur l'environnement à Tizi-Ouzou ont été une occasion pour l’administration locale, les élus, le mouvement associatif et les techniciens de débattre de ce mal qui ronge la wilaya.

Chapeautée par le wali, M. Abdelkader Bouazghi, la rencontre fut l’occasion, une fois de plus, de tirer la sonnette d’alarme sur l’état de plus en plus dégradé de l’environnement dans la wilaya de Tizi-Ouzou, à cause de la prolifération des décharges sauvages. La salle de spectacle de la maison de la culture Mouloud Mammeri a eu du mal à contenir le nombre important d’invités ayant répondu à l’appel de consacrer une journée à l’environnement. Dans son intervention, le wali a souligné «l’importance de la réunion pour l’avenir de la wilaya». Il dira : «l’environnement est tout aussi important, voir plus important que le développement. Il nécessite l’intérêt de tout un chacun». M. Bouazghi n’hésitera pas à avouer l’échec des initiatives entreprises jusque-là : «les moyens mis en place et les actions qui ont été engagées sont insuffisants et pas aussi efficaces qu’espéré». En promettant de consacrer, dorénavant, une partie de chaque rencontre, conseil de wilaya ou autres, au débat sur l’environnement, M. Abdelkader Bouazghi soulignera l’importance des recommandations auxquelles aboutira la rencontre : «Il faut sortir, au terme de ces états généraux, avec une charte et plus que des recommandations. Elle sera une ligne de conduite à tenir à tous les niveaux», préconisera-t-il. Il sera soutenu par le président de l’assemblée populaire de wilaya qui, lui aussi, dressera un état des plus catastrophique de l’environnement sur tout le territoire de la wilaya. M. Hocine Haroune relèvera l’intérêt mais aussi l’apport de l’APW à la question de l’environnement, en suggérant «la tenue d’une session extraordinaire qui consacrera l’environnement dans tous ses aspects». L’attention de l’assemblée s‘est aussi matérialisée, dira son président, dans le rétablissement du prix Aïssat Rabah octroyé à la commune et au village les plus propres. M. Haroune mettra par ailleurs l’accent sur «le manque de responsabilité qui a fait que seuls 3 centres d’enfouissement technique ont été réalisés, sur les 7 inscrits à l’indicatif de la wilaya». Dans un autre volet, le président de l’assemblée populaire relèvera la responsabilité de la police et de la gendarmerie dont l’implication dans la préservation de l»environnement est souhaité «voire indispensable», dira-t-il. Un avis partagé par le chef de l’exécutif, M. Abdelkader Bouazghi qui n’omettra pas d’interpeller les responsables et représentants desdits services pour agir est sanctionner «les salisseurs». Les interventions des représentants des deux directions, à savoir, la police et la gendarmerie, ont permis de prendre acte de certaines de leurs opérations, dans le cadre de la protection de l’environnement. Notamment, celle concernant le jet de déchets sur les voies publiques pour la police et celle concernant l’extraction du sable pour la gendarmerie. Le premier responsable du secteur de l’environnement, M. Kabech Salah, présentera quant à lui l’état des lieux au niveau de la wilaya dont la population, dira-t-il, génère pas moins de 400 000 tonnes de déchets par an.

400 tonnes annuelles de déchets et plus de 1 400 décharges sauvages

«Une quantité dont la plus grande partie n’est ni contrôlée ni revalorisée», dira-t-il. Citant les décharges sauvages, le directeur par intérim relèvera l’existence de «25 décharges en milieu forestier, et 1 400 autres réparties au niveau des agglomérations et villages». Avec, souligne-t-il, «une moyenne d’un dépotoir par village». Pour les moyens mis en place pour la collecte de ces ordures, l’intervenant parlera de « 300 véhicules de différentes catégories pour la collecte des ordures et déchets ménagers. Avec néanmoins un nombre important immobilisé pour cause de pannes ». Pour la suite des travaux, lors de cette journée, les membres de l’exécutif se sont succédé devant le large public, pour livrer chacun le constat établi par son secteur sur l’environnement au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou. Ils proposeront également les contributions que pourrait faire chaque secteur. Des interventions toutes aussi essentielles et importantes les unes que les autres, même si certaines ont plus capté l’attention générale. C’est le cas de celles de la direction de l’urbanisme et de la construction, des travaux publics, de la conservation des forêts et du commerce. M. Labreche Mohamed, premier responsable de la Duc, a livré des recommandations proposées par son secteur, comme celle instruisant des bureaux d’étude de faire en sorte de ne point dégrader l’environnement. Le DTP, Aït Kaci Madjid, après avoir établi un constat sur l’insuffisance des moyens humains pour le nettoiement des domaines publics, parlera longuement des cannettes et autre bouteilles qui jonchent les bas-côtés des routes, des casses automobiles et des étals de commerce illicite qui empiètent sur les voies publiques. Pour sa part, M. Tabti Moussa, conservateur des forêts de la wilaya, mettra en avant le danger des décharges sauvages qui sont «la principale source de la plupart des incendies ravageurs». Le sénateur Moussa Tamadartaza, élu sous la bannière du FFS, invité à se prononcer sur la question, parlera d’un futur projet de création d’un office de l’environnement à Tizi-Ouzou. La commission santé hygiène et protection de l’environnement, à l’APW, a rappelé quant à elle, à travers son président, le Dr Msella, la nécessité de prendre des mesures urgentes contre la prolifération des décharges sauvages. Une réalité qui expose le citoyen à de graves maladies. Le directeur du Centre hospitalo-universitaire Nedir Mohamed de Tizi-Ouzou, le Pr. Ziri Abas, a présenté l’expérience du CHU dans la gestion des déchets hospitaliers et déchets d’activités de soins à risques infectieux (Dasri). Des déchets qui posent un problème sérieux, au niveau de toute la wilaya. Le CHU dispose en effet de 2 banalliseurs de déchets hospitaliers et les autres établissements sanitaires sont invités à se procurer le même outil. Au terme de la journée, les membres de l’exécutif ont eu droit, chacun, à la liste des recommandations, établie au terme des interventions ayant duré une bonne partie de la journée. Une journée qui fut clôturée avec une note d’optimisme, celle de la volonté populaire à vaincre la saleté. Avec l’intervention des P/APC de Tizi Rached et Tigzirt ainsi que le président du comité de village de Zoubga, ayant remporté les prix des localités les plus propres de la wilaya.

Tassadit. Ch.

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