L’agence postale de la commune de Frikat est l’une des plus sollicitées par les usagers d’Algérie poste dans la daïra de Draâ El-Mizan. Ils viennent de tous les coins de la région, de Draâ El-Mizan, d’Ait Yahia Moussa, de Bounouh et même de Tizi Gheniff. Pour la seule raison, c’est qu’elle ne manque presque pas de liquidités. « Au lieu d’attendre des heures à la poste de Draâ El-Mizan, c’est ici que je viens retirer mon argent », nous répondra un enseignant, retraité très heureux de n’avoir pas fait une dizaine de minutes de chaîne. Comme cet interlocuteur, ils sont nombreux à prendre d’assaut ce bureau postal. Cependant, son receveur se plaint du manque criant d’employés. Il est le seul à assurer les paiements, toute la matinée, et d’accomplir la mission de facteur dans l’après-midi. « Vous voyez, je suis au four et au moulin. Pour cette matinée uniquement, j’ai servi pas moins d’une centaine de clients. Je peux vous montrer leurs adresses, ils sont venus même de Tizi Gheniff, à une trentaine de kilomètres d’ici », nous confiera le receveur qui n’a pas pris de congé annuel depuis plus de dix ans. Et un usager d’intervenir : « C’est ici que je fais mes transactions depuis plus d’une trentaine d’années. Je vais vous dire que ce bureau postal a fonctionné avec trois agents au début des années 70. En 2004, je me souviens qu’ils étaient quatre tandis qu’en 2013, nous n’avons qu’un receveur qui fait tout. Que se passe-t-il ? Et pourtant, le nombre d’habitants de cette commune dépasse les dix-sept mille ». Ceci concerne uniquement le personnel. Alors que pour l’infrastructure, elle doit être restaurée. Ni les murs ni le toit ne sont épargnés. Elle n’est même pas chauffée en hiver. Elle n’a pas été repeinte depuis des lustres. À l’intérieur, les usagers n’ont que ce vieux banc pour attendre leur tour. Au moment du paiement des pensions des veuves de Chahid, ce n’est pas avec une gaieté de cœur qu’on peut voir toutes ces vieilles allongées à même le sol. « Dans les villages des autres communes, les bureaux postaux sont entièrement rénovés : peinture, faïence, chaises… Et pourtant, certains d’entre eux restent toujours fermés. Je vous citerai à titre d’exemple celui de Tizra Aissa dans la commune d’Ait Yahia Moussa. Alors que pour ceux des chefs-lieux, ils sont tous dotés de nouveaux matériels, mais pas celui-ci. Qu’attend la direction d’Algérie poste pour regarder d’un seul œil cette agence ? » s’interrogera ce membre de comité de village qui avec d’autres s’apprête à mener une action en vue d’exiger la prise en charge effective de cette poste sinon sa fermeture.
A. O.