L'expérience créative d'Assia Djebar à l’honneur

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Le 8ème colloque international, organisé par l’université Mouloud Mammeri et consacré à l’expérience créative d’Assia Djebar, a été ouvert hier.

Une rencontre qui durera jusqu’à demain et qui regroupe des universitaires nationaux et étrangers. Ces derniers se penchent, tout au long de ces trois jours, sur l’œuvre romanesque d’Assia Djebar, une écrivaine les plus imposantes de la littérature mondiale. Il s’agit là d’une initiative de la faculté des lettres et des langues. Plus particulièrement, d’un travail conjoint entre deux laboratoires, celui de l’Analyse du discours d’un côté et celui des langues et culture étrangères, de l’autre. La première journée du colloque a permis aux intervenants de souligner le choix des personnages principaux de l’écrivaine dans ses livres. C’est pour l’auteur, dira la première intervenante, Dr. Hibo Momin Assoweh de l’université de Djibouti : «une manière de hisser la femme au rang d’indispensable acteur de la transmission des traditions, des us et de la mémoire». L’intervenante met en avant une étude comparative qu’elle a effectuée entre deux œuvres d’Assia Djebar, le récit «La femme sans sépulture» et le documentaire «La Zerda et les champs de l’oubli». Elle explique comment la romancière décrit, avec ardeur, le rôle de la femme. A travers la même intervention qu’elle a intitulée «Entre la femme et l’histoire dans l’œuvre d’Assia Djebar», l’universitaire met en avant un autre aspect. Celui de la triple déconstruction. Car, comme elle a tenu à le souligner, «L’œuvre d’Assia Djebar est représentée par la restauration de la mémoire, conditionnée par la pluralité des voix, des histoires, la pluralité des témoignages et la restauration de la mémoire collective à travers les femmes ». La relation entre l’Histoire et l’écriture de la romancière fut aussi l’un des aspects mis en avant lors de la première journée de la rencontre. Un axe sur lequel le Dr. Hacène Rachedi, de l’université de Sétif, a tenté d’asseoir sa communication. Il expliquera comment le «côté historique est considéré par Assia Djebar comme étant l’arrière plan pour toute son écriture, elle qui est professeur d’histoire». Pour l’intervenant, la tendance de l’écrivaine à citer et faire intégrer, dans la plupart de ses écrits, le fait historique, ce n’est pas pour écrire ce dernier, mais c’est beaucoup plus, pour elle, une manière de faire appel à sa réécriture». Pour le conférencier, «les romans historiques de la romancière lui permettent, à travers l’insertion de micro récits sur des personnages féminins, de représenter un thème beaucoup plus large et profond». Il cite, pour illustrer ses dires, le livre qu’il considère comme étant le texte fondateur de l’écriture d’Assia Djebar, il s’agit de «Loin de Medine». Il soulignera que pour lui, dans les œuvres d’Assia Djebar, «la femme n’est qu’un prétexte pour aller au devant des sujets métaphoriques». C’est pour cette raison d’ailleurs qu’au terme de son intervention inscrite sous le thème de ‘’A l’ombre de l’Histoire, la réécriture de l’Histoire dans «loin de Médine : Filles d’Ismaïl» d’Assia Djebar’’, le professeur à l’université de Sétif appelle les chercheurs initiateurs ou participants à des rencontres semblables, à «fournir beaucoup plus d’efforts pour comprendre ce que Assia Djebar écrit et non pas comment elle procède pour écrire». Pour lui c’est de cette manière «qu’on parviendra à faire asseoir les bases d’une littérature nationale algérienne et indépendante». Il est à noter, qu’en plus des communications prévues tout au long de ces trois jours à l’auditorium de Hasnaoua, des ateliers de lecture de certaines œuvres d’Assia Djebar sont également prévus sur place.

T. Ch.

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