La genèse du Flamenco présentée

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Le trio flamenco composé de Juan Carmona, Maria Carmen Segura et José Antonio Camacho, a donné un récital didactique, vendredi à l’Institut Cervantès d’Alger, visant à renseigner sur les origines de ce genre musical et les notions théoriques le régissant, devant un public intéressé et attentif. Pendant près d’une heure et demie de temps, le trio (Deux guitaristes et une chanteuse) n’a pas manqué de pédagogie, pour informer l’assistance sur la profondeur historique du Flamenco qui, à l’origine « était d’abord et avant tout basé uniquement sur le chant ». Dès la première pièce chantée en solo, sans accompagnement aucun, la voix suave de Maria carmen Segura, emballée dans la douceur de son lyrisme, alternait tendresse et sensibilité pour finir dans la fermeté et revenir à l’esprit du Flamenco, dont le vocable serait polysémique, voulant dire entre autres : « être arrogant », selon Juan Carmona (Premier guitariste du groupe). « Au XVIII siècle, le flamenco, essentiellement d’origine gitane, est né des folklores populaires provenant de diverses cultures de l’Andalousie. Celle-ci se situe au sud de la péninsule ibérique et est composée de trois régions : La Sierra Morena, les Cordillères bétiques et la plaine du Guadalquivir », poursuit Juan Carmona. Résultat du croisement de plusieurs influences, le Flamenco présente également des similitudes avec « la musique pakistanaise et hindoue » caractérisées par l’emploi dans l’accompagnement, de l’accord de « 9ème mineur » (Tonique à laquelle s’ajoute une tierce, distante de deux tons, une quinte et une note neuvième diminuée d’un demi ton). Le Flamenco, ce chant très riche qui « sort des tripes », tend à une certaine expression dramatique avec une large part d’improvisation qui repose sur des formules traditionnelles aux influences provenant du sud de la méditerranée et de la culture musulmane. Parmi les interprétations du trio « Fandangos de Huelva », « Granad la granaina », « Malaga, la malaguena » et « Buleria » et d’autres encore où les envolées lyriques de la cantatrice entraînaient l’accompagnement des guitares dont les instrumentistes ont brillé de maîtrise et de technique. Maria carmen Segura, était en état d’exaltation chaque fois qu’elle entamait un chant, se sentant transportée hors d’elle-même et en communion avec la magie qui pouvait s’échapper des partitions, pour revenir ensuite à son public souriante, une fois la chanson terminée. Descentes espagnoles, arpèges, accords de 9e mineurs inversés, virtuosité dans l’interprétation des solos, roulement de doigté sur les cordes, etc., telles étaient les différentes manières d’accompagnement des musiciens qui ont pris du plaisir à transmettre la genèse de ce genre musical tant convoité. Usant de toutes ces figures théoriques d’accompagnement pour chacune des pièces jouées, les instrumentistes se suffisaient par moments, de donner un coup sur la caisse de la guitare pour marquer le premier temps de chaque mesure et faire sentir l’existence d’un rythme continu. Exprimant le patrimoine et la vie de tous les jours, le Flamenco chante entre autres sujets, l’amour, l’honneur, la fraternité la splendeur des paysages, le respect, la tristesse et la fierté. Chef-d’oeuvre du patrimoine immatériel de l’humanité le Flamenco a été classé depuis 2010 par l’Unesco.

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