L’officialisation de Tamazight, une exigence au demeurant légitime, certes, mais qui impose, pour l’heure, une réflexion plus qu’approfondie sur les plans scientifiques, anthropologiques et linguistiques. Au-delà de la dimension politique, dont c’est le rôle de demander son institutionnalisation et d’insister pour l’obtenir, il reste cependant à l‘académie ou une institution semblable de fournir les instruments idoines pour ce faire. La standardisation ou la normalisation de la langue de tout un peuple nécessite, à tout le moins, une structuration qui soit en parfaite harmonie, en parfaite symbiose avec ce à quoi on veut l’amener. Que l’on formule le vœu de voir la langue de tous les algériens, tous idiomes confondus, accéder au statut de langue officielle, comme le suggère l’APW de Tizi-Ouzou, c’est à n’en pas douter une bonne chose. Toutefois, comme dit l’adage, «qui veut aller loin, ménage sa monture». Autrement, il serait logique que tous les moyens possibles soient mis à contribution pour que l’entreprise, aussi ardue soit-elle, aboutisse. Quant à ceux qui défendent le postulat «officialisons d’abord, ensuite on verra», ils prêchent dans la précipitation une chose et son contraire. Ils veulent Tamazight comme langue d’administration, de culture et de la vie tout court, sans écriture unifiée, sans locution normalisée à travers tout le territoire nationale. A moins de vouloir officialiser le parler de chaque région et sa transcription propre, latine, arabe et tifinaghe. Auquel cas nous aurons autant de langues officielles que de régions. Une pour les Touaregs, une pour le Mzab et ainsi de suite. N’est-ce pas que l’amazighité est une des composantes de la personnalité nationale, elle en est le ciment, et l’officialiser, c’est lui donner la place qui lui revient dans une Algérie réconciliée avec elle. Mais cela ne doit pas se faire dans la précipitation. Il faut savoir à cet égard raison gardée.
Sadek A. H.
