Les meurtriers condamnés à la peine capitale

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Trois peines capitales ont été prononcées par le tribunal criminel de Tizi-Ouzou, en début de soirée d’avant-hier, à l’encontre des dénommés, H. Mohamed, C. Amar et B. Mehdi, accusés dans l’affaire du meurtre d’Aghilas Hadjou.

Ils étaient poursuivis pour les chefs d’inculpation «d’association de malfaiteurs, meurtre avec préméditation, rapt en vue de demander une rançon et dissimulation du corps». Le quatrième accusé Y. Amar, a écopé d’une peine de trois ans de prison ferme et de 20 000 dinars d’amende pour adhésion à unr association de malfaiteurs et demande de rançon. Le procureur de la république, dans un long réquisitoire, a retracé les faits et balayé d’un revers de main la thèse d’un crime d’honneur ou d’un règlement de compte, pour les prétendus 150 000,00 DA dont l’accusé C. Amar, aurait été spolié par le père de la victime lors d’une transaction de vente d’une voiture. Il dira : «ce sont la cupidité et la jalousie qui ont motivé ce crime odieux». Le ministère publique avait ensuite requis la peine capitale à l’encontre des trois accusés, H. Mohamed, C. Amar et B. Mehdi, pour les chefs d’inculpations cités en haut, ainsi qu’une peine de 10 ans de prison ferme, assortis d’une amende de 500 000 dinars à l’encontre du quatrième accusé Y. Amar, pour adhésion à une association de malfaiteurs et demande de rançon.Pour rappel, c’est un SMS qui a mis la gendarmerie sur leurs traces. Le message était rédigé en arabe dialectal et a été envoyé à partir de la puce de la victime incorporée dans le portable de B. Mehdi, au père, exigeant de celui-ci de remettre cinq milliards de centimes en contrepartie de la libération de son fils. Le jeune Aghilas Hadjou, âgé de seulement 19 ans, à l’époque des faits, était tombé dans une embuscade, qui lui avait été tendue par ses trois amis, tous originaires d’Aït Chafaâ, le 18 octobre 2012. L’accusé C. Amar avait téléphoné à la victime lui demandant de le retrouver dans la bâtisse en construction appartenant à ses parents, pour une soi-disant affaire de plomberie. Une fois sur les lieux du rendez-vous, la victime gara sa voiture à l’intérieur du garage de la maison en chantier, où les trois accusés l’attendaient. Une bagarre éclata alors entre Ghilas Hadjou et H. Mohamed. La jeune victime et rouée de coups par H. Mohamed, assisté par C. Amar qui lui ferme la bouche et l’immobilise pour l’empêcher de crier. B. Mehdi, quant à lui, leur donnera la corde qui servira à l’étranglement de la victime. Les trois complices mettront ensuite le corps sans vie dans un sac en plastique et la transporteront à bord du véhicule de H. Mohamed jusqu’à une plage à Sidi Khliffa où ils l’enterreront. Trois jours après leur crime, ils retourneront sur la plage pour vérifier que la dépouille était toujours à la même place, qu’elle n’a pas été déterrée par les chiens errants et qu’aucune odeur ne s’en dégageait. Lors du procès, H. Mohamed a exprimé des regrets mais a nié les chefs d’inculpation d’enlèvement en vue de demander une rançon. Il déclarera à la barre que la mort d’Aghilas était accidentelle : «je ne voulais pas le tuer, je voulais juste lui enlever le portable pour récupérer la carte mémoire où se trouvait une vidéo compromettante de ma cousine. Mais une bagarre a éclaté…». La dite cousine de l’accusé H. Mohamed a quant à elle déclaré : «Aghilas était un camarade de classe que j’ai connu au CEM, ni plus ni moins». Elle ajoutera : «cette vidéo dont parle H. Mohamed n’a jamais existé !». Quant au quatrième accusé un maçon travaillant pour la famille de H. Mohamed, il aurait été appâté par les trois accusés et aurait accepté après une soirée arrosée, de contacter le père de la victime, à partir de son portable à deux reprises, pour lui demander une rançon de cinq milliards de centimes, s’il voulait revoir son fils vivant. Les trois accusés lui avaient raconté qu’ils avaient enlevé Aghilas pour demander de l’argent à son père et que le jeune homme était toujours vivant, caché au sud. La défense, quant à elle, a plaidé le crime d’honneur et la mort accidentelle de la victime. La thèse du rapt en vue de demander une rançon serait, d’après elle, une pure invention des accusés pour brouiller les pistes.

Karima Talis

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