«On est là pour bousculer les partis !»

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Le tête de la liste indépendante Izuran, M. Ben Belkacem Belkacem, parle dans cet entretien du programme de la liste qu’il conduit, de ses objectifs et de plusieurs autres points.

La Dépêche de Kabylie : Pourriez-vous vous présenter à ceux qui ne vous connaissent pas ?

M. Ben Belkacem : Je suis âgé de 47 ans et père de deux enfants. J’ai commencé mon militantisme à l’université au FFS où j’ai grimpé tous les échelons. J’ai même exercé deux mandats à la direction nationale en tant que chargé de l’organique. J’ai été syndicaliste à l’éducation. Je suis PES depuis 1994. J’étais aussi arbitre de football pré-fédéral pendant 12 ans. En 2007, j’étais envoyé par mon parti pour accomplir une mission dans ma collectivité où j’étais élu maire. Pour des raisons politiques, j’ai quitté le parti en 2011, donc je me suis présentée en tant qu’indépendant en 2012 et j’ai raflé la majorité absolue, 9 sièges sur 15, et je continue à exercer ma fonction de maire dans ma commune Assi Youcef.

Comment vous est venue l’idée de vous présenter aux législatives ? Quelles sont vos motivations ?

En tant que militant politique je ne peux pas rester à l’écart de ce qui se passe dans le pays. Je suis un candidat libre et je me présente en dehors des appareils. En 2012, on était nombreux aux élections locales. Je fais partie de ce groupe de militants qui ont brigué des mandats dans les municipalités en tant que candidats libres. Il y a lieu aussi de préciser que nous étions la deuxième force politique en termes de communes, dont les maires sont indépendants. Onze d’entre eux sont issus de la même force politique, à savoir le FFS. Ce qui m’a motivé moi, qui ai exercé la politique pendant un quart de siècle, c’est que je ne pouvais rester indifférent, passif, devant la situation que vit notre pays et notre région. Nous sommes arrivés à une conjoncture où n’importe qui fait n’importe quoi. Notre participation est dictée par des raisons purement politiques. Il s’agit de participer au renforcement du débat public pour réhabiliter la pratique politique qui est à un stade initial pour l’évolution vers plus de liberté et plus de démocratie. Il faut que tout un chacun dans ce bastion lutte à préserver un certain espace politique, sinon il risque d’être occupé par des indus.

Avez-vous rencontré des embuches lors de la collecte des signatures et de la confection de la liste?

On a pris du retard pour la collecte des signatures, dix jours. Sur la scène, on a observé que certains recueillaient des signatures sans connaître même le nombre de sièges qu’il y a dans la wilaya. La tâche était très facile pour nous. On a pu avoir des contacts à travers 48 communes. Ce qui est intéressant, c’est qu’on est presque tous des élus locaux, huit sur dix. Il s’agit de moi comme tête de liste, maire d’Assi Youcef, Benmedjbar ex-maire d’Ouacif, Hamaidi ex-maire de Tadmaït, Bahmed élu dans la commune d’Aïn Zaouïa, Mme Ait Abdellah élue à l’APC de Ouacif, Lani ex-élu à Maâtkas, Dr Ait Abdelmalek élu, Ramdani aussi, la majorité du FFS. Chose qui nous a réconfortés dans cette première étape c’est que notre gestion s’est avérée efficace. À vrai dire, ce sont les citoyens qui sont venus vers nous pour nous apporter leur parrainage. Malgré le retard, on a réussi à récolter 5 900 signatures.

Votre liste, vous l’avez appelée «Izuran». Pourquoi ce choix ?

C’est une dénomination qu’on a choisie après mure réflexion entre nous les candidats. Izuran donc, les racines, résume notre proximité avec la population qui est sacrée. Beaucoup d’entre nous sont restés 10 ans auprès de la population. On veut dire à nos concitoyens que nos racines c’est d’abord vous, ensuite il y a nos racines politiques, la déclaration du 1er Novembre, la déclaration de la Soummam, de l’indépendance, de 1963. Nous voulons mettre en exergue tout cela.

Qu’en est-il de votre programme ?

Avant d’évoquer le programme, il y a lieu de rappeler que ces élections interviennent dans un contexte très difficile caractérisé par la chute drastique des prix du pétrole, opposé aux demandes sociales accrues d’un côté, et d’un autre côté, la situation sécuritaire dans la région qui est aussi préoccupante. Ceci nous plonge dans une situation préoccupante incertaine. C’est pour cela que notre pays a besoin de stabilité. On a besoin aussi de plus de liberté, de démocratie et nos institutions doivent bénéficier de plus de crédibilité et de légitimité. À partir de là on a élaboré un petit programme que nous voyons réalisable. Il repose en premier lieu sur les collectivités locales, c’est la cellule de base, l’environnement qui est aussi un thème majeur et le tourisme aussi, vu qu’on défend la wilaya de Tizi-Ouzou. Nous sommes des élus locaux qui avons les mêmes ambitions pour la commune, la wilaya et le pays. Notre région est potentiellement touristique. On a proposé un programme de tourisme, d’artisanat, logement, l’éducation, la santé, la jeunesse, la culture, l’agriculture. On est le prolongement de la Mitidja mais nous n’exploitons pas nos potentialités convenablement.

Comment comptez-vous mettre en pratique ces propositions une fois à l’APN en tant qu’indépendant ?

On n’a pas la prétention d’opérer un bouleversement des choses dans notre pays. Je parle là d’un changement politique vers la démocratie, l’avènement d’une république démocratique et sociale, tel que dictée par la charte de la Soummam. Notre objectif est d’abord de réhabiliter l’image de l’élu parlementaire. On va déjà dans un premier temps, changer cette image par nos comportements, en restant proches de nos citoyens. Je vais revendiquer, d’ailleurs, qu’il y ait cumule de mandats pour ne pas abandonner ma commune. Je veux être à la fois député et maire pour rester proche de la population. On doit changer nos habitudes, nos comportements. C’est le stade initial pour regagner la confiance des citoyens, pour qu’à l’avenir, ils s’impliquent davantage dans la pratique politique.

Quels électeurs visez-vous ?

Ce sont tous les électeurs pratiquement mais à travers les thèmes que j’ai exposés, je mise sur les jeunes. J’ai exercé dans plusieurs domaines, politique, sportif, syndical. Nous allons ratisser large dans ce scrutin, étant donné que nous visons un électorat divers, une catégorie de population de jeunes, sportifs, syndicalistes, les fonctionnaires des collectivités locales, les élus indépendants, dans leur totalité. Nous allons créer la grande surprise de cette élection.

Vos objectifs par cette participation ?

La situation socioéconomique du pays, on dit souvent qu’elle incombe au pouvoir, c’est faux. Moi je dirai qu’elle incombe aussi au peuple. Notre première mission est la réhabilitation de la mission de l’élu parlementaire. L’élu est dévalorisé. Sa fonction est devenue un statut sociale, c’est juste quelqu’un qui symbolise le privilège. Avec notre proximité avec la population, nous voulons faire un prolongement de travail qui a été fait avec et pour le citoyen. On veut changer l’image de l’élu, donner un sens au mandat. Beaucoup voit le mandat de député comme étant un CDD très bien payé, sans portée politique et sans ligne idéologique, et cela nous le refusons. Notre objectif, comme je l’ai expliqué, est purement politique. Nous voulons que notre pays évolue vers plus de démocratie, plus de justice.

Justement, que pourriez-vous apporter de plus ?

Ce que nous voulons, c’est bousculer les partis politiques dans notre région d’une manière positive pour qu’ils revoient leurs positions et pour qu’ils redescendent vers la population, pour qu’ils ne soient pas des partis de conjonctures. Voilà ce que nous voulons faire pour que ces partis là puissent contribuer au lieu de se confiner dans des luttes intestines. Notre démarche va trouver un prolongement aux prochaines élections. Notre démarche est bien réfléchie et portée par beaucoup d’élus indépendants, beaucoup d’acteurs syndicaux, sociaux, politiques… Elle aura son prolongement et ça c’est une certitude.

Ne redoutez-vous pas un peu l’abstention ?

Cela est un fait, on est conscients. Les citoyens sont fatigués de voir s’éterniser aux mêmes postes les mêmes responsables, les mêmes candidats, les mêmes élus. Ils sont très fatigués de voir ça. Nous assistons aujourd’hui aux listes électorales composées de gens qui ont exercé quatre, trois mandats parlementaires, sans qu’il y ait à leur actif un résultat positif. Il y aura une montée remarquable des indépendants ce qui signifiera clairement une reconfiguration de la carte politique de la région.

Quelle est votre stratégie pour la campagne ?

Notre stratégie pour cette campagne est de cibler les électeurs que j’ai cités, nous concentrer là où nous avons un large électorat et saisir notre espace dans les médias pour s’adresser à tous les lecteurs de notre wilaya. C’est plus de la proximité. Ce travail là est presque fait à 80% pendant la période de la précampagne électorale. Juste après le dépôt des listes, nous nous sommes mis au travail sur le terrain, dans les collectivités locales, parmi le mouvement associatif et le monde syndical aussi. On a un siège à Tizi-Ouzou, à Annar Amelal et on va ouvrir des permanences à travers les communes.

Un dernier mot…

À Tous les électeurs de la wilaya de Tizi-Ouzou, je leur dis que je sais que vous êtes fatigués d’aller voter, que cet acte est dévalorisé dans notre pays et la responsabilité incombe en premier lieu aux partis politiques, mais si vous voulez des députés à côté du peuple, votez pour la liste Izuran composée d’élus qui sont en train de se sacrifier avec les gens dans l’ombre pour améliorer leur quotidien.

Entretien réalisé par

Kamela Haddoum

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