La direction de la culture de la wilaya de Tizi-Ouzou, en collaboration avec le comité des activités culturelles et artistiques et l’association culturelle portant son nom, organise, le jeudi 05 décembre, une journée d’étude sur la vie et l’œuvre de l’artiste universel et musicologue Mohamed Iguerbouchene.
Au programme de cette journée, une exposition autour de la vie et l’œuvre du virtuose, qui sera présentée au public au niveau du hall d’exposition de la maison de la culture. Des témoignages de membres de la famille de l’artiste seront au programme dans la matinée. De même qu’une conférence, animée par M. Hocine Hamedi, inspecteur de langue française, où il sera question du parcours de l’artiste, lors de cette même journée. Par ailleurs, une présentation d’un dossier sur la maison d’Iguerbouchene, en vue de son éventuel classement en tant que patrimoine culturel national, sera faite par le service du patrimoine de la direction de la culture de la wilaya. Dans l’après-midi, deux récitals de musique classique instrumentale seront donnés au niveau de la grande salle de la structure culturelle, l’un par l’institut régional de musique de Bouira et le deuxième par l’atelier de musique classique de la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou. Mohamed Iguerbouchene est né un 13 novembre 1907 à Aït Ouchène, dans la commune d’Aghribs. Sa famille quittera la Kabylie pour des considérations d’ordre économique et rejoindra la capitale. Très vite, le prodigue se distingue en étant un élève brillant et un musicien talentueux. Il s’habitua vite à la vie citadine et se rendait souvent au square Bresson, à Alger, où il assistait aux concerts qui y étaient donnés trois fois par semaine. En plus de la flûte, le virtuose a rapidement appris le solfège et à jouer du piano. C’est sa rencontre avec un riche et puissant lord Ecossais, le Comte Fraser Ross, qui tenait un commerce devant la demeure des Iguerbouchene, qui changera sa vie. Cette dernière deviendra un véritable conte de fée. En 1919, Fraser Ross, séduit par le jeu de flûte du petit Iguerbouchene Mohamed, âgé alors de seulement 12 ans, proposera au père de ce dernier d’emmener Mohamed en Angleterre en vue de parfaire son éducation musicale. Le petit virtuose fut ainsi inscrit au « Norton Collège » et, par la suite, à l’Académie Royale de Londres, et c’est de là que son aventure musicale va commencer. En 1924, il entre au conservatoire supérieur de Vienne. À l’âge de 17 ans il présente devant le public Autrichien son premier concert d’inspiration algérienne, intitulé « Kabylie Rapsodie n°9 » et « Arabic Rapsodie°7 ». Il obtient le premier prix de la composition et le premier prix d’instrumentation et du piano. Mohamed Iguerbouchene composera plus de 160 autres rapsodies, toutes d’inspiration algérienne. En 1928, il composera la musique du film « Aziza », de Mohamed Zinet, et cosignera avec Vincent Scotto la musique du film « Pépé le Moko », avec Jean Gabin comme acteur. Il composera également la musique des films « Les plongeurs du désert » et « Cirta », de Tahar Hennache, « Le palais solitaire » et « l’Homme Bleu ». La musique du fameux chant patriotique « A yemma âzizen ur ttru », chantée par Farid Ali, est aussi l’une de ses compositions. De retour à sa terre natale, il présentera des émissions radiophoniques en langue kabyle. Il décédera le 23 août 1966 suite à un diabète.
Karima Talis