Le cimetière chrétien à l’abandon

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Le cimetière chrétien de la ville de Aïn Bessem, à une vingtaine de kilomètres vers l’ouest de Bouira, est à l’abandon depuis plusieurs années. Les autorités compétentes ne semblent pas alertées par l’état de délabrement criant dans lequel se trouve ce lieu, pourtant, si proche de plusieurs établissements scolaires tels : le lycée El Mokrani, le technichum et les deux collèges Kamal Joumblatt et El Djaâdi. En effet, la population ne cesse de s’interroger sur les raisons qui ont poussé les responsables concernés à abandonner les sépultures. « Certes, la gestion des cimetières chrétiens est du ressort des autorités françaises, mais de petits travaux d’entretien ne coûtent pas vraiment grand-chose pour le respect des morts enterrés dans ce cimetière, même s’ils ne sont pas de notre religion », dira un riverain d’Aïn Bessem, visiblement consterné. À l’entrée du cimetière chrétien, une cabane partiellement détruite dégage des odeurs nauséabondes. À l’intérieur, il est impossible de faire un pas sans marcher sur des excréments. L’espace où reposent les morts est « labouré ». On a fait table rase des tombes. Il reste quand même des morceaux de marbre qui portent des inscriptions en hébreu, mais des herbes sauvages envahissent les lieux. Les derniers vents violents ont fait plier les arbres et leurs branches sèches couvrent complètement ces tombes. Des canettes et des bouteilles de boissons alcoolisées jonchent les lieux. On devine le genre de gens qui le fréquentent. Les caveaux sont dans un état lamentable, s’ils ne sont pas détruits. Une colonne érigée au milieu de ce cimetière se dresse devant notre regard. À l’intérieur, des rares caveaux pas encore vidés de leurs «habitants», des cercueils ouverts où on y voit des squelettes. Des images qui donnent des frissons. Des plaques de marbre portant les noms des familles, de confession chrétienne, traînent ici et là. Impossible d’identifier les tombes ou plutôt ces «trous». Par ailleurs, il est à noter que plusieurs associations de la région ont, par le passé signalé la nécessité de protéger ce site mais sans résultat. Un des animateurs est allé même jusqu’à dire que les parents de ces gens enterrés doivent se manifester afin de contraindre les responsables à effectuer les travaux de réparation. D’autres citoyens accostés sur les lieux, affirmeront que les autorités portent la responsabilité car les populations locales n’ont pas à réclamer des travaux sur ce site abandonné. Elles ont déjà de nombreux soucis. Enfin, devant cet abandon, certains vieux de la région qui se souviennent des années ayant précédé l’Indépendance et qui ont vécu les moments de joie et les affres de la guerre, suggèrent que des contacts soient établis avec des parents des gens qui s’y trouvent enterrés, afin de rendre leur dignité aux morts, chose faite car, selon certaines indiscrétions, un groupe de pieds noirs originaires de la ville de Aïn Bessem, avaient rendu visite en 2009 à leur ville natale où ils se sont également rendus discrètement au cimetière en question.

Oussama. K.

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